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- Madame Aïcha
Dans quelle intention les hypocrites ont-ils accusé Aïcha d’adultère ?
Nous abordons le treizième exposé relatif à la vie des honorables compagnonnes du prophète, Dieu soit satisfait d’elles. Nous allons nous intéresser à la partie relative à ses épouses, les mères des croyants, principalement à la troisième partie consacrée à Aïcha, Dieu soit satisfait d’elle. Nous y analyserons la fameuse affaire dite de la ‘calomnie’.
Il faut savoir que l’épisode de la ‘calomnie’ est l’affaire la plus grave à laquelle s’est trouvé confronté le prophète, paix et bénédictions sur lui, en matière de tourments et de difficultés.
Par cette affaire, l’intention des hypocrites était de combattre le prophète, paix et bénédictions sur lui, en portant atteinte à sa réputation.
Il arrive que quelqu’un combatte un rival en se battant avec lui ; mais il arrive qu’il le combatte en salissant sa réputation. L’affaire dite de la ‘calomnie’, a été, d’une manière ou d’une autre, un moyen et une tentative des hypocrites de porter atteinte à la réputation de l’envoyé de Dieu, et, ce faisant, porter atteinte à la nouvelle religion monothéiste à plus ou moins longue échéance.
Il est connu que la bataille entre le vrai et le faux est éternelle. Chaque catégorie d’individus est appelée à rallier une cause. Les membres de la communauté de la foi sont pour la cause de la foi, des croyants et du vrai alors que les membres de la communauté de la débauche et de la dépravation s’allient entre eux. Chaque individu doit se positionner par rapport à ces deux catégories. Ainsi, celui qui fréquente les croyants et renie les mécréants et les hypocrites est évidemment croyant ; quant à celui qui se solidarise avec les non croyants, sa foi est certainement très faible.
Les hypocrites ont voulu ainsi porter atteinte à cette religion en salissant la réputation du prophète, paix et bénédictions sur lui, et ce, en accusant son épouse Aïcha d’adultère.
Comment a débuté cette affaire dite de la ‘calomnie’ ? Elle commença le jour où Abdellah-Ibn-Oubay-Ibn-Saloul dit au prophète et à ses compagnons : « Engraisse ton chien ; il te dévorera. Par Dieu, si nous retournons à Médine, le noble en délogera certainement le vil. » Par noble il parlait de lui-même et de ceux qui l’accompagnaient, et par vil il visait le prophète et ses compagnons qui avaient participé à l’hégire avec lui.
Ce chef des hypocrites avait également adressé ces paroles dures aux habitants de Médine : « Qu’avez-vous fait ainsi ? Leur avez-vous ouvert votre ville et partagé vos biens avec eux (il vise les croyants) ? Par Dieu ! Si vous leur en aviez interdit, et l’accès et vos biens, ils auraient passé leur chemin vers une autre contrée ! »
Il s’agit en fait d’une tentative de bannissement. L’affaire de la ‘calomnie’ a une visée à plus ou moins longue échéance de bannir les croyants migrants vers un autre pays, ceci en tentant de salir la religion en salissant la réputation du prophète, paix et bénédictions sur lui, au moyen de l’accusation d’adultère de son épouse auréolée de pureté. Dieu Tout Puissant les décrit ainsi :
« Il fomentent des complots et Je complote. »
Que nous apprend donc cette affaire ? Le croyant doit s’attendre et s’habituer aux complots de ses opposants ; il y en a qui portent préjudice à son intégrité ; il y en a qui veulent salir sa réputation, car il ne faut pas oublier que le monde d’ici-bas est une arène pleines d’épreuves et non une demeure de rétribution ; et un individu s’élève proportionnellement au degré des épreuves qu’il endure.
L’affaire de la ‘calomnie’ ainsi que présentée dans les recueils dits ‘Sahih’ :
Le détail de l’affaire de la ‘calomnie’ figure dans les recueils dits ‘sahih’ (de Boukhari et de Mouslim). Aïcha, Dieu soit satisfait d’elle y dit :
« Lorsqu’il devait voyager, le prophète, paix et bénédictions sur lui, tirait au sort laquelle de ses épouses devait le suivre. Si l’une gagnait, elle le suivait dans son déplacement. Lors de la bataille de Banou-Moustaliq, il agit de même et eut recours au tirage au sort ; c’est moi que le tirage au sort avait désignée, et ainsi je l’accompagnai. »
Il est à remarquer que le fait pour un homme d’être accompagné de son épouse dans un voyage, obéit à une grande sagesse que connaissent les gens mariés. Nous savons également que dans ses paroles, dans ses actes, dans ses décisions, et dans toute sa personne, le prophète, paix et bénédictions sur lui, est un législateur. C’est ainsi que lorsqu’il devait voyager, - même si le déplacement visait une bataille - il faisait tirer au sort laquelle de ses épouses devait le suivre. Voyons ce que relate Aïcha :
« … Les femmes se nourrissaient alors très frugalement, se contentant de simples en-cas, sans plus. Les femmes se nourrissaient peu donc, ce qui allégeait significativement leur poids. Elles devaient s’abstenir de consommer de la viande, de peur d’alourdir leur corps. Les épouses des compagnons étaient ainsi des femmes très maigres. Lorsqu’on préparait le dromadaire qui me servait de monture, je m’installai dans un palanquin, puis venaient les hommes chargés de le hisser sur le dos du dromadaire. Ils doivent alors le soulever avec moi dedans, le mettent sur le dos de la bête, le fixent à l’aide de cordes, puis se saisissent des rênes et font démarrer le dromadaire sur lequel je voyage… »
C’est un langage très clair. Elle prenait place dans un palanquin que deux hommes soulevaient et plaçaient sur le dos du dromadaire, puis le fixaient et saisissaient les rênes du chameau qu’ils faisaient avancer à la suite des troupes. Aïcha continue sa narration :
« … Lorsque le prophète termina son voyage, il revint sur ses pas. Lorsqu’il parvint près de Médine, il fit halte dans un endroit où il passa une partie de la nuit, puis il donna le signal du départ. Lorsque les gens s’en furent, je sortis pour un besoin… »
J’ai déjà évoqué ce fait ; des dizaines de probabilités auraient pu faire en sorte que l’incident de la ‘calomnie’ n’eût pas lieu. Mais je veux vous dire que tous les événements qui ont marqué cette affaire et essayé d’éclabousser la personne de l’envoyé de Dieu, paix et bénédictions sur lui, étaient prédestinés. Aucun événement n’a été fortuit, mais chaque événement était programmé pour avoir lieu tel qu’il s’est déroulé afin que l’envoyé de Dieu pût adopter l’attitude adéquate, attitude devenant règle de conduite pour les musulmans. Aïcha continue son témoignage :
« … puis il donna le signal du départ. Lorsque les gens s’en furent, je sortis pour un besoin, et j’avais un pendentif à mon cou… »
Il est certain que si elle n’avait pas senti le besoin de sortir pour répondre à un besoin naturel, elle ne serait pas sortie, et l’affaire de la ‘calomnie’ n’aurait pas eu lieu. Dieu dit à ce propos :
« Ceux qui sont venus avec la calomnie… »
Aïcha continue :
« … je sortis pour un besoin, et j’avais un pendentif à mon cou. Lorsque je finis, le pendentif se détacha de mon cou sans que je me rendis compte… »
C’est donc la ficelle du pendentif qui rompit et laissa tomber le pendentif au sol. Si cette ficelle était solide, elle n’aurait pas rompu, et si elle n’avait pas rompu, l’affaire de la ‘calomnie’ n’aurait pas eu lieu. Si Aïcha n’était pas sortie pour un besoin naturel, l’affaire de la ‘calomnie’ n’aurait pas eu lieu non plus. Elle continue de rapporter l’incident :
« Lorsque je revins dans le groupe, je palpai mon cou et ne trouvai pas le pendentif: entretemps les gens repartaient déjà. Je partis à la recherche du pendentif et le trouvai après un certain temps. Entretemps, les hommes chargés de hisser le palanquin sur le dos du dromadaire se présentèrent et le hissèrent, pensant que j’étais à l’intérieur, exactement comme j’avais l’habitude de faire… »
Son poids étant très léger, ils ne se rendirent pas compte ; et s’ils s’étaient rendus compte de son absence, il n’y aurait pas eu d’affaire de la ‘calomnie’. S’ils s’étaient rendus compte de la légèreté du palanquin, il n’y aurait pas eu d’affaire de la ‘calomnie’. Si le pendentif s’était perdu dans un endroit proche, il n’y aurait pas eu d’affaire de la ‘calomnie’. S’ils l’avaient aperçue de loin, ils se seraient enquis, seraient allés la chercher, et il n’y aurait pas eu d’affaire de la ‘calomnie’. Ce qui signifie que cet événement était prédestiné et constituait une manifestation de la volonté divine.
Il arrive des fois qu’un individu ait un problème. Il se met à se dire : « si je n’avais pas voyagé, cela ne me serait pas arrivé. Si je n’avais pas emprunté ce chemin, cela ne me serait pas arrivé. Si je n’avais pas pris place dans cette voiture, cela ne me serait pas arrivé. Si je n’avais pas eu besoin de voyager, cela ne me serait pas arrivé… »
Considérons ce que dit la tradition prophétique sur le sujet :
« Il y a une réalité pour toute chose, et l’homme n’atteint la réalité de la foi que lorsqu’il apprend que ce qui lui arrive n’est pas destiné à l’éviter et à passer outre sa personne, et ce qui l’a évité et passé loin de lui n’était pas destiné à l’atteindre. »
Par contre, c’est très sage de dire : « Si Dieu veut quelque chose, Il le fait. »
Une autre tradition souligne :
« …Il ne faut pas dire : ‘si j’avais fait quelque chose, c’aurait été ça et ça… » Par contre, il faut dire « C’est la volonté de Dieu. Il fait ce qu’Il veut. La conjonction ‘si’ ouvre la porte à l’action de satan. »
En tant que musulman, tout individu doit éliminer de son répertoire cette conjonction ‘si’, et faire comme si elle n’existait pas. La détresse psychologique trouve son origine dans le remord. En vérité, il ne doit pas y avoir de remord, de souhaits, de regrets, ni de chagrin. Tous ces concepts ne doivent pas exister. Cette affirmation est extrêmement importante. L’apprentissage d’après les actes est beaucoup plus fort que les paroles ; la langue du travail, de l’acte, et de l’action est plus porteuse que celle des paroles.
Pour plus de vingt raisons, il était possible que cette affaire de ‘la calomnie’ n’eût pas lieu. Mais les événements qui ont eu lieu du temps du prophète, paix et bénédictions sur lui, étaient des événements prévus intentionnellement pour qu’ils constituent désormais des règles de conduite à la postérité, et pour que Aïcha soit désormais un modèle à suivre pour toute femme atteinte dans son honneur et sa réputation.
Aïcha reprend sa narration de l’incident :
« … Ils saisirent le palanquin en pensant que j’y étais installée, le hissèrent et l’attachèrent sur le dos de la monture, et ils ne se doutèrent pas que je n’y étais pas. Lorsque je revins au camp, il n’y avait pas âme qui vive. La troupe était partie… »
Il faut entendre qu’elle s’est éloignée ; et lorsqu’elle revint vers l’endroit où se trouvait le palanquin, elle ne trouva personne. Elle était complètement seule et tout était désert autour d’elle. Elle continue :
« … Je me suis couverte de mon voile et m’étendis à l’endroit où j’étais. Je savais que s’ils se rendaient compte de ma disparition, ils reviendraient m’y chercher… »
Elle fit preuve de sagesse ; si jamais les siens venaient à remarquer sa disparition, ils reviendraient la chercher à l’endroit où ils l’avaient laissée avant de partir. Elle continue :
« … J’étais étendue lorsque vint à passer Safwan-Ibn-Al-Mou’attal-Assoulmi... »
Si Safwan ne s’était pas attardé lui aussi, l’affaire de ‘la calomnie’ n’aurait pas eu lieu. J’insiste encore en disant que tout événement ayant eu lieu dans cette affaire découle d’une sagesse infinie de la part du Créateur. Il est indispensable de croire avec certitude que ces événements sont une manifestation de la volonté divine ; et que toute volonté divine ne peut que s’exprimer dans la réalité ; et que cette volonté divine découle d’une sagesse absolue ; et qu’enfin cette sagesse absolue ne vise que le bien absolu.
Nous avons vu que cet honorable compagnon nommé Safwan vint à passer près d’elle alors qu’elle était étendue, recouverte par son voile, à l’endroit où elle s’était retrouvée seule. Ce compagnon s’était également attardé pour répondre à un besoin naturel. Ce besoin l’avait retardé par rapport à la troupe qui avait déjà pris la route. Il est indéniable que s’il n’avait pas ressenti ce besoin, l’affaire de la ‘calomnie’ n’aurait pas eu lieu. Si Safwan ne s’était pas attardé, les gens se seraient rendus compte de la disparition de Aïcha et seraient revenus la chercher, et ainsi, l’affaire de la ‘calomnie’ n’aurait pas eu lieu. La narration continue :
« … Il n’avait pas passé la nuit avec les gens dans le groupe. Lorsqu’il aperçut ma silhouette - il ne pouvait rien distinguer de la personne, car elle était complètement recouverte de son voile - … Il s’avança et se tint debout devant moi. C’est alors qu’il me reconnut… - en voici la raison - … car il m’avait déjà aperçue avant l’application officielle du voile pour les femmes musulmanes. Il dit alors : « A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons ; Ai-je affaire à la famille de l’envoyé de Dieu ?! J’étais toujours complètement recouverte de mon habit. Il demanda : « Qu’est-ce qui vous a retardé ? » Elle dit qu’elle ne lui répondit pas. Il approcha alors le dromadaire et me fit monter en s’éloignant de moi et en disant : « Montez ! Dieu vous fasse miséricorde ! Je montai ; il se rapprocha, prit la tête de la monture et nous partîmes rapidement à la poursuite du groupe… »
Cet honorable compagnon aurait-il pu agir autrement ? Imaginez un compagnon du prophète qui découvre la mère des croyants, qui découvre un membre de la famille de l’envoyé de Dieu laissée seule après la levée du campement, complètement emmitouflée dans son voile… Peut-il s’en aller et la laisser seule ? C’est bien sûr impossible !
Elle continue de raconter…
« … Elle dit qu’elle ne lui répondit pas. Il approcha alors le dromadaire et me fit monter en s’éloignant de moi et en disant : « Montez ! Dieu vous fasse miséricorde ! Je montai ; il se rapprocha, prit la tête de la monture et nous partîmes rapidement à la poursuite du groupe. Par Dieu ! Nous ne pûmes les rejoindre et ils ne se rendirent pas compte de mon absence jusqu’au lever du jour, lorsque le groupe fit une halte. Lorsqu’ils furent bien installés, l’homme me ramena sur sa monture. Ce fut alors que les calomniateurs dirent ce qu’ils dirent… »
Les gens virent l’épouse de l’envoyé de Dieu sur la monture de Safwan-Ibn-Al-Mou’attal-Assoulmi.
Aïcha continue sa narration :
« … Les gens commencèrent à s’agiter. Par Dieu ! Je ne me suis rendue compte de rien. Nous arrivâmes à Médine, et très rapidement, je tombai sérieusement malade. Rien ne me parvint de ce qui se passait alors que la nouvelle était parvenue au prophète et à mes parents. Ces derniers ne me firent part de rien sur ce fait … »
Pourquoi donc ses parents et le prophète ne lui ont-ils fait part ni de peu ni de tout ce qui concerne l’incident ? Pour leur confiance totale en la pureté de la jeune épouse, car c’est très grave que d’accuser un innocent ; c’est quelque chose d’insupportable. C’est une immense atteinte que de calomnier quelqu’un pour un fait dont il n’est pas coupable.
Aïcha poursuit la narration des faits :
« … J’ai alors commencé à sentir un changement dans la douceur habituelle de l’envoyé de Dieu à mon égard. D’habitude, lorsque je me plaignais de quelque chose à lui, il était tout prévenant et plein de douceur, mais lorsque je tombai malade après cet incident, il ne montra aucun sentiment. Je remarquai un changement de comportement vis à vis de moi. Lorsqu’il rentra et trouva ma mère à mon chevet, il dit : « Comment se porte celle-ci ? » et n’ajouta rien. Par contre, avant l’incident, lorsqu’il rentrait et me trouvait malade, il disait: « Comment se porte Aouiche ?... »
Aouiche est le diminutif affectueux de Aïcha. Tout le monde sait qu’il y a des noms qui, pour montrer de l’affection envers la personne qui les porte, sont recomposés, subissent des coupures, des altérations ou deviennent diminutifs ; et ainsi, l’envoyé de Dieu avait l’habitude de dire :
« Comment se porte Aouiche ? »
alors qu’après l’incident, il se contenta de dire :
« Comment se porte celle-ci ? »
La narration continue :
« … Je remarquai ce changement de comportement envers moi, et lorsque je me rendis compte de sa froideur, je lui dis : ‘Envoyé de Dieu, si tu me le permets, je voudrais aller chez ma mère afin qu’elle prenne soin de moi’. Il répondit : ‘Je ne vois pas d’empêchement ; vas-y si tu le veux… »
Elle demanda alors d’aller chez sa mère ; il accepta. Elle continue son récit :
« … J’allai chez ma mère et j’ignorais complètement ce qui se passait jusqu’à ce que je me remette de ma maladie après plus d’une vingtaine de jours. Nous faisions partie d’une communauté d’arabes qui ne possédaient pas chez eux ce cabinet de toilettes que possédaient les non arabes, parce que ça nous répugnait et nous détestions d’accoler un tel endroit à nos demeures. Pour répondre à des besoins naturels, nous avions l’habitude de sortir à la limite des habitations, et les femmes sortaient la nuit. Je sortis ainsi accompagnée de Oum-Mistah-Bint-Rahm-Ibn-Al-Mouttalib. Sa mère était Bint-Sakhr-Ibn-Amer, la tante maternelle de Abou-Bakr. Nous marchions ensemble lorsqu’elle trébucha sur son vêtement ; elle s’écria : « honni soit Mistah ! »
(Mistah était le fils de cette dernière, et l’un de ceux qui ont colporté la calomnie).
C’est alors que Aïcha prit connaissance du premier élément de l’affaire. Que savait-elle avant ? Elle avait juste remarqué que le prophète, paix et bénédictions sur lui, s’était désintéressé d’elle ; ce n’était pas un désintérêt absolu, mais quelque chose de tout relatif.
« Comment se porte Aouiche ? »
était juste devenu :
« Comment se porte celle-ci ? »
La personne sensible est capable de ressentir chez les proches les changements de comportements les plus subtils. Elle demanda alors au prophète de lui permettre d’aller chez les siens ; il le lui permit. Plus tard, alors qu’en compagnie d’une autre femme elle voulait répondre à un besoin naturel, elle entendit sa compagne s’exclamer : « honni soit Mistah ! »
Elle continue à parler :
« Je dis : Par Dieu ! Quelles abominables paroles que les tiennes contre un compagnon d’entre les émigrés, et qui, de surcroît, a participé à la bataille de Badr! »
Elle (Aïcha) n’était pas au courant de ce qui s’était passé. Elle entendit sa compagne proférer ‘Honni soit Mistah’ contre un homme dont elle ne connaissait que du bien.
Imaginez un honorable compagnon du prophète qui voit une femme seule la nuit sur le chemin, qui lui fait enfourcher sa monture et qui la ramène dans le reste du groupe…
La compagne de Aïcha lui dit : « Ne sais-tu pas ce qu’on raconte, fille de Abou-Bakr ? »
Aïcha dit :
« ‘Et qu’est ce qu’on raconte ?’ ‘Elle me mit au courant de ce que racontaient les calomniateurs…’ »
Elle était accusée d’adultère avec Safwan-Ibn-Al-Mou’ttal-Assoulmi ! Encore une fois ; une centaine de probabilités pour que l’incident de la ‘calomnie’ n’eût pas lieu, mais Dieu Tout Puissant voulait qu’il eût lieu, la meilleure preuve en est Ses paroles :
« Certes, ceux qui sont venus avec la calomnie… »
Considérez cet événement et rappelez-vous que s’il vous arrive un malheur quelconque ; vous devez vous rappeler les paroles du Tout Puissant :
« Il se peut que vous détestiez quelque chose alors que c’est un bien pour vous ; et il se peut que vous désiriez quelque chose qui est un mal pour vous. »
Dieu Tout Puissant Se montre doux dans l’exercice de Sa volonté ; Il transforme l’homme d’un état à un autre, Il le change d’un niveau à un autre, d’une position à l’autre, d’un statut à un autre ; Il éduque, Il encourage, Il renforce, Il aide, et Il enrichit un homme par l’octroi de grandes expériences. Qu’est-ce que l’homme mûr ? C’est celui qui a emmagasiné beaucoup d’expériences, chaque expérience étant le fruit de dures épreuves. Un problème se pose ; c’est une expérience douloureuse qui l’accompagne.
La narration continue :
« … Je dis : ‘Et qu’est ce qu’on raconte ?’ ‘Elle me mit au courant de ce que racontaient les calomniateurs…’ »
Le prophète Moïse disait une fois au fond de lui même :
« Seigneur ! Ne me laisse aucun ennemi ! »
Dieu Tout Puissant répondit :
« O Moïse ! Ceci ne M’appartient pas ; ceci n’appartient pas à Dieu Tout Puissant ! N’y a-t-il pas d’ennemi de Dieu Tout Puissant ? Console-toi, car tu ne trouveras pas un homme qui n’ait pas d’ennemis, parce que la bataille du droit et du non droit est une bataille éternelle. Si tu es du côté du droit, alors ceux qui se rangent du côté de la mécréance et de la débauche deviennent tes ennemis, et si tu es du côté de ceux qui ont la foi, les mécréants deviennent tes ennemis. »
La narration de Aïcha continue :
« … C’est vrai qu’on dit ça ?! » La dame répondit : « Oui, par Dieu ! C’est ce qu’on raconte ! »
Ces paroles firent l’effet d’une bombe chez Aïcha. Elle fit savoir :
« … Par Dieu, depuis cet instant j’ai tellement pleuré que j’ai pensé que mes pleurs allaient finir par me briser le cœur… »
Ainsi, la chose la plus difficile à supporter chez une femme honorable et pure est l’accusation touchant à son honneur ; la chose la plus insupportable de toutes, est le fait, pour une femme chaste et pure, de voir porter atteinte à son honneur. Elle dit :
« … Je m’adressai à ma mère, disant : ‘Dieu te pardonne ! Les gens ont raconté ce qu’ils ont raconté ; tu l’as appris et tu ne m’en a rien dit !’ »
Elle questionna sa mère : « Mère, les gens ont colporté cette nouvelle et tu es restée sans réagir ? » Sa mère lui dit :
« … Ma fille, ne dramatise pas les choses ! Il est rare qu’une belle femme vive avec un mari qui l’aime parmi d’autres épouses sans que ces dernières ne complotent contre elle… »
Autrement dit, c’est une chose tout à fait normale ; il s’agit tout simplement de jalousie et d’envie. Il arrive que quelqu’un de jaloux envie un autre et se met à le calomnier au hasard pour assouvir son cœur de cette jalousie qui le dévore. Aïcha continue à relater les faits la concernant :
« … Le prophète, paix et bénédictions sur lui, s’est décidé à parler à la foule sans que je le sache. Il dit :
« O vous qui m’écoutez ! Qu’ont donc certains à me portent atteinte par ma famille en disant sur les miens ce qui n’est pas vrai ? Par Dieu, je ne lui (Aïcha) connais que du bien. Et ils disent la même chose d’un homme sur lequel, Par Dieu, je ne connais également que du bien, et qui n’a mis les pieds dans une de mes demeures qu’avec moi ! »
Le prophète souffrit de l’incident. Les calomniateurs l’ont atteint du pire des maux. Ils ont touché à son honneur. Il dit :
« O vous qui m’écoutez ! Que pensez-vous des gens qui me portent atteinte par ma famille en disant sur les miens ce qui n’est pas vrai ? Par Dieu, je ne lui (Aïcha) connais que du bien. Et ils disent la même chose d’un homme… (Safwan-Ibn-Al-Mou’attal-Assoulmi) … sur lequel, Par Dieu, je ne connais également que du bien, et qui n’a mis les pieds dans une de mes demeures qu’avec moi ! »
Aïcha poursuit sa narration :
« … L’incident prit de l’ampleur avec les propos de Abdellah-Ibn-Oubay-Ibn-Saloul et parmi les hommes de la tribu des Khazraj dont il est issu, ainsi qu’avec ce qu’avait colporté Mistah… »
Des gens parmi les compagnons du prophète furent très peinés par ce qui se disait alors que d’autres en minimisèrent la portée. Beaucoup d’hypocrites jubilèrent, se félicitèrent de l’incident et espérèrent que l’adultère se répandit parmi les croyants. Aïcha continue :
« … Puis entra chez moi le prophète, paix et bénédictions sur lui, alors que mes parents étaient chez moi et que je pleurais en compagnie d’une femme des ‘ansars’. Il s’assit, glorifia le Seigneur, Le loua, puis dit :
« O Aïcha, tu as pris connaissance de ce que les gens ont rapporté sur toi. Si tu as commis un impair de ce qu’ils disent, repens-toi au Seigneur, car Dieu accepte le repentir de ses créatures humaines. »
Aïcha parle :
« … Par Dieu ! Dès qu’il prononça ces paroles, mes larmes diminuèrent et je n’en versai plus. J’attendis que mes parents réagissent. Ils n’en firent rien… »
Elle dit :
« Par Dieu ! Je me sous-estimai tellement et pensai n’avoir pas assez d’importance pour que Dieu Tout Puissant fasse descendre quelque chose me concernant dans le Coran, quelque chose que les gens liraient dans les mosquées et avec lequel il accompliraient leurs prières. J’espérai juste que l’envoyé de Dieu eût quelque vision onirique par laquelle Dieu Tout Puissant, connaissant mon innocence, démentirait le fait et ferait éclater la vérité ou enverrait quelque nouvelle dans ce sens. Par contre, que quelque révélation coranique me concernant viendrait traiter mon cas ; je me sous-estimai assez pour y penser. »
Elle imagina que Dieu Tout Puissant l’innocenterait d’une manière ou d’une autre au moyen d’une vision onirique du prophète, paix et bénédictions sur lui. Mais qu’il fasse descendre une révélation, du texte coranique prouvant l’innocence de cette femme protégée, texte qu’ont lirait jusqu’au jour du jugement dernier ! Elle avoua :
« Par Dieu ! Je me sous-estimai assez pour penser qu’une révélation coranique viendrait m’innocenter.»
Elle continue sa narration :
« … Lorsque je vis que mes parents gardaient le silence, je dis : ‘Ne répondrez-vous pas à l’envoyé de Dieu ?’» Ils me dirent : ‘Par Dieu ! Nous ne savons que répondre !’ »
Il s’agissait d’un événement qui faisait qu’on ne pouvait trouver les paroles pour l’exprimer. C’était une trop grande calomnie dirigée contre une femme pure et chaste, épouse de l’envoyé de Dieu, fille de Abou-Bakr et de Oum-Roumane: des sommités de la communauté, victimes d’une si grave calomnie. Jusqu’à la fin des temps, toute femme qui serait victime d’une si grave calomnie comme le fut Aïcha trouvera en cette femme préservée de tout mal, un excellent modèle à suivre. Elle reconnut :
« Par Dieu ! Nulle famille ne connut ce qu’a connu la famille de Abou-Bakr durant ces jours ! »
Il est connu que la vie recèle des difficultés et des problèmes innombrables ; mais des fois, il y en a qui affectent l’individu et dont Dieu seul est au courant.
Comme dit la tradition :
« Les hommes les plus affectés en matière d’épreuves sont les prophètes, suivis des autres gens, par ordre de mérite. »
L’individu subit des épreuves en rapport avec sa foi. S’il possède une foi solide, les épreuves auxquelles il fait face sont très dures et feront en sorte que son mérite augmente proportionnellement auprès de Dieu Tout Puissant.
Lorsque le noble prophète s’adressa ainsi à Aïcha :
« O Aïcha, tu as pris connaissance de ce que les gens ont rapporté sur toi. Si tu as commis un impair de ce qu’ils disent, repens-toi au Seigneur, car Dieu accepte le repentir de ses créatures humaines. »
Elle dit :
« Par Dieu ! Dès qu’il dit ces paroles, mes larmes diminuèrent, et je n’en versai plus. J’attendis que mes parents réagissent ; ils n’en firent rien. Là mes yeux se remplirent de nouveau et je me mis à pleurer. Puis je dis : ‘Par Dieu, je ne me repentirai jamais à Dieu de ce dont tu as déclaré. Par Dieu ! Si je venais à reconnaître ce que racontent les gens alors que Dieu sait que je suis innocente ; vous me croiriez sûrement alors que je dis ce qui n’a jamais eu lieu ; et si je venais à nier ce que vous dites, vous ne me croiriez sûrement pas !! »
Elle dit encore :
« Puis j’essayai de me rappeler le nom de Jacob, mais ne le pus. ‘Je me contenterai de dire ce qu’a dit le père de Joseph.’ »
« Alors patience honorable ! Dieu est le Secoureur contre ce que vous prétendez. »
Elle ajouta :
« Par Dieu ! L’envoyé de Dieu ne quitta pas sa place qu’il fut pris des transes qui annonçaient la révélation divine. On le couvrit de son vêtement et on lui plaça un coussin de doum sous la tête. Lorsque je vis et vécus le déroulement de cette scène, je ne m’inquiétai pas tellement ni ne me souciai outre mesure, car je savais que j’étais innocente et que Dieu ne pouvait me faire du tort. Quant à mes parents, par Celui qui tient l’âme de Aïcha dans Sa main ! Jusqu’à ce que se dissipât ce qui arriva à l’envoyé de Dieu, paix et bénédictions sur lui, je pensai que leur âme allait quitter leur corps de peur de ce que l’envoyé de Dieu allait apporter comme confirmation de ce qu’on racontait. »
Aïcha était sereine parce qu’elle se savait innocente, mais ses parents subissaient le paroxysme de l’anxiété en pensant que l’envoyé de Dieu allait peut être confirmer ce que racontaient les gens.
Elle dit encore :
« Puis le phénomène se dissipa de l’envoyé de Dieu, paix et bénédictions sur lui ; il s’assit alors que se déversaient de sa personne comme des perles un jour de pluie ; il se mit à essuyer la sueur de son front en disant :
« Heureuses nouvelles pour toi, O Aïcha, Dieu a révélé ton innocence ! »
Il arrive qu’un individu n’ait plus que Dieu comme soutien. J’ai entendu une fois quelqu’un déclarer : Gloire à Dieu pour Son existence. Dieu est au courant des réalités. Si quelqu’un a un cœur pur, s’il est intègre, et s’il est innocent, il ne doit craindre personne. Dieu Tout Puissant l’innocentera.
Aïcha continue sa narration des faits :
« Par la gloire de Dieu et votre péché. Puis l’envoyé de Dieu sortit vers les gens, leur parla et leur récita du Coran ce que Dieu Tout Puissant venait de révéler me concernant. »
Il y a un petit commentaire à faire sur l’épilogue de cette affaire. Après les paroles de l’envoyé de Dieu innocentant la jeune femme, Oum-Roumane, la mère de Aïcha dit à cette dernière : « Ma petite ! Lève-toi et remercie le prophète ! » Aïcha répondit : « Par Dieu ! Je ne me lèverai qu’à Dieu ! » Le prophète sourit et dit :
« Elle a su reconnaître à Qui elle était redevable (à Dieu)… »
Les versets révélés pour innocenter la mère des croyants de l’affaire de la calomnie :
Les versets relatifs à la véridique, fille du véridique, la pure, la croyante Aïcha, sont les paroles suivantes du Seigneur :
« Ceux qui sont venus avec la calomnie sont un groupe d’entre vous. Ne la considérez pas comme une mauvaise chose, mais plutôt comme un bien pour vous. A chacun d’entre eux ce qu’il a acquis comme péchés… »
Je vous ai déjà montré auparavant que l’attestation de foi monothéiste ne décharge pas de la responsabilité. Si elle est d’essence divine (la prédestination), cela ne veut pas dire que celui qui a colporté ces propos ne sera pas jugé pour les avoir colportés.
« … Et celui qui s’est chargé de la plus grande part aura un châtiment douloureux. »
Dieu Tout Puissant dit :
« Vous auriez dû, en l’entendant… »
Il faut savoir qu’un des signes de la foi est le fait de penser du bien des gens.
« Pourquoi, lorsque vous l’avez entendue (cette calomnie), les croyants et les croyantes n’ont-ils pas, en eux-mêmes, conjecturé favorablement et n’ont-ils pas dit : ‘c’est une calomnie évidente ?’ » Pourquoi (les calomniateurs) n’ont-ils pas produit (à l’appui de leur accusation) quatre témoins ? S’ils ne produisent pas de témoins, alors, auprès de Dieu, ce sont eux les menteurs. N’eussent été la grâce de Dieu sur vous et Sa miséricorde ici bas comme dans l’au-delà, un énorme châtiment vous aurait atteints pour cette (calomnie) dans laquelle vous vous êtes lancés. »
Si un individu est innocent de ce qu’on l’accuse comme calomnie honteuse et qu’il est sincère, sûr et certain de son fait, il ne doit craindre personne en se remettant à Dieu ; car le nom qu’Il S’est donné est ‘Le Vrai, Le Juste’, et la signification de ces attributs est qu’Il S’est engagé à faire triompher la justice et la vérité.
* * *
Dieu soit satisfait de cette dame chaste, que Dieu Tout Puissant a éprouvée dans ce qu’elle possédait de plus cher. Elle a fait preuve de patience et s’en est remise à Dieu jusqu’à ce qu’Il révèle son innocence.
La sagesse de cette histoire :
De ce célèbre incident, chacun doit déduire que c’est Dieu qui symbolise le vrai, la justice, et qu’indubitablement, Il fera triompher la vérité. Si un individu est convaincu de son innocence et de son intégrité, Dieu Tout Puissant Se présente comme son défenseur ; cependant, il n’est pas admis de se mettre dans des situations équivoques qui facilitent l’accusation, puis reprocher aux gens cette accusation. Il ne faut pas se mettre dans des situations qui risquent d’amener les gens à accuser à tort, puis de leur en vouloir par la suite pour cette méprise. La tradition rapporte que le prophète, paix et bénédictions sur lui, marchait un jour en compagnie de son épouse Safia. Il aperçut deux de ses nobles compagnons ; il leur dit :
« C’est ma femme Safia. »
Cette anecdote indique qu’il est nécessaire d’être le plus clair possible dans ses attitudes, qu’il est nécessaire d’être le plus transparent possible. On dit d’ailleurs : « la transparence chasse le diable. »
Il est donc nécessaire de s’habituer à accomplir des actions qui ne peuvent faire l’objet que d’une seule interprétation tout en évitant les situations qui peuvent faire l’objet de deux, voire plusieurs interprétations. Si malgré tout on se retrouve dans une situation équivoque, il est indispensable de fournir des explications et de clarifier les intentions. Si les gens s’inspirent du prophète, paix et bénédictions sur lui, lorsqu’il dit :
« C’est ma femme Safia. »
…Ils coupent court à toute tentative de porter atteinte à autrui. Imaginez un individu qui décide de partir en voyage et qui charge le frère de son épouse de faire attention à son foyer pendant son absence. Les voisins remarquent l’absence de cet individu, leur voisin. S’ils remarquent un jeune homme entrant chez ce voisin en l’absence de ce dernier, que vont-ils en penser ? Que vont-ils en dire ? Ils peuvent accuser à tort, et c’est pourquoi il faut informer ses voisins de son absence et du fait d’avoir chargé le frère de l’épouse de porter assistance à sa sœur durant cette absence. Clarifier les choses au moyen d’une parole permet d’éviter et d’écarter les problèmes et les mauvaises interprétations des gens. Déclarer ce fait « c’est ma femme » permet d’éviter des milliers d’équivoques fâcheuses. Et si malgré ces précautions quelqu’un est quand même la victime de calomnies, Dieu Tout Puissant Se charge de l’innocenter. Par conséquent, chacun est tenu de faire le maximum pour éviter de donner le flanc aux calomniateurs potentiels, et ainsi il n’aura pas à blâmer qui que ce soit pour diffamation.
Imaginons quelqu’un qui entre dans le magasin de son ami. Le magasin est vide, et l’ami est obligé de s’absenter quelques minutes pour un besoin quelconque. Pour ce faire, il confie la garde du magasin au visiteur, son ami. Ce dernier possède cinq cent livres dont il veut faire la monnaie. Il ouvre la caisse, y dépose le billet de cinq cent et prend l’équivalent en petite monnaie au moment où le propriétaire du magasin réapparaît. Il ne faut pas rester silencieux, mais plutôt l’informer d’avoir décidé de faire la monnaie du billet de cinq cent. D’abord il ne sied pas d’accomplir une action pareille en l’absence du propriétaire du magasin, parce que s’il manque la somme de cinq cent dans sa caisse, le diable s’empresse d’agir en suscitant la suspicion chez le propriétaire qui risque de penser : « mon ami a osé porter la main à la caisse… » C’est pourquoi il faut prendre l’habitude d’être clair et transparent.
Je me rappelle une anecdote de ce genre dans un local commercial : le gérant était connu pour son intégrité. Le local possédait une arrière-boutique. Il y avait ce jour là avec le gérant un commerçant d’Alep très respecté et connu pour sa rectitude en matière de religion. Une femme entra dans le magasin. Le gérant l’accueillit avec effusion et avec beaucoup plus de prévenance que ne le fait normalement un commerçant avec une cliente. Connaissant mon ami, et pour ne pas laisser penser à mal, je déclarai : « C’est peut-être sa sœur. » Quant au commerçant d’Alep, son visage s’empourpra. Je lui répétai : « c’est peut-être sa sœur. » En effet, lorsqu’elle s’en alla, je questionnai le gérant à propos de la dame ; il me confirma que c’était sa sœur. Mon ami aurait dû justifier ses effusions avec la dame en annonçant que c’était sa sœur.
S’exposer inutilement au risque de faire l’objet de calomnies, puis tenir rancune à autrui pour diffamation est un comportement qui n’a rien à voir avec la religion. Il existe des relations familiales, des relations de voisinage, et des relations d’affaires, et il convient toujours de clarifier les choses, de les expliciter, de les détailler dans toutes ces relations, faute de quoi, on s’expose aux calomniateurs qui n’attendent qu’une occasion pour ternir, sciemment ou à leur insu, l’image des gens. C’était le cas à Médine où couvaient des conflits que suivaient de près les hypocrites. C’est pourquoi cette affaire de la ‘calomnie’ doit constituer une leçon majeure et une expérience de premier plan pour les croyants. Les déductions à retenir sont les suivantes :
Première déduction :
Lorsque Dieu Tout Puissant veut quelque chose ; elle est ! La noble tradition le précise ci-après :
« Si Dieu Tout Puissant veut que quelque chose soit, alors la raison n’a plus droit de cité. »
Deuxième déduction :
Si quelqu’un est dans le vrai alors qu’il fait l’objet de calomnies, Dieu Tout Puissant Se charge de l’innocenter.
Troisième déduction :
Il ne faut pas s’exposer inutilement aux risques de calomnies et en vouloir aux gens par la suite lorsqu’ils se mettent à calomnier.
J’avais l’habitude de toujours vous dire que la tristesse est source de créativité. Les épreuves forment parfois des Hommes et des Femmes ; elles constituent un creuset. En passant par des moments difficiles, l’être humain devient un grand-homme au sens large du terme, et la femme devient une mère illustre.