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02-05-2024
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Leçon (27) : Compensation des jours de rupture du jeûne de Ramadan – Laylat Al-Qadr (La nuit de la destinée) – La retraite rituelle – Les traditions prophétiques de fête de la rupture du jeûn
   
 
 
Au Nom d’Allah, Le Tout Miséricordieux, Le Très Miséricordieux  
 
  Louanges à Allah, Le Seigneur de l’univers, que la Bénédiction et la Paix soient accordées à notre maître Mohammad, le probe et l’honnête. Ô Allah ! Notre connaissance se limite aux sciences que tu as permis que nous apprenions. Tu es Le Seul Connaisseur et Le Sage. Ô Allah ! Aide-nous à apprendre ce qui peut nous être utile, fais que notre science nous soit rentable et fais accroître notre savoir. Aide-nous à distinguer le vrai et à le suivre ; Aide-nous à discerner le faux et à l’éviter. Fais que nous mettions en vigueur le meilleur des discours que nous écoutons ; Fais-nous compter par Ta Miséricorde dans le rang de Tes serviteurs vertueux. 

Ramadan et les types légitimes pour compenser la rupture du jeûne :

  En cette dernière leçon de ce mois honorable j’aimerais y traiter quelques questions de fiqh (jurisprudentielles) dont nous avons besoin en cette occasion.
Premièrement : A la fin de ce mois, un homme qui a été obligé de ne pas observer le jeûne pourrait se demander : 
Comment compenser la rupture involontaire du jeûne ? 
- La compensation est obligatoire mais avec relâchement c’est-à-dire qu’elle ne doit pas être accomplie tout de suite, mais peut être remise à plus tard. 
- Il en est de même pour l’expiation du jeûne qui consiste à observer le jeûne durant soixante jours consécutifs.
- Au cas où quelqu’un rompt son jeûne volontairement, il est appelé à compenser les jours de rupture.
- S’il transgresse une des interdictions du jeûne, par exemple s’il approche sa femme durant la journée du jeûne. Dans ce dernier cas, pour compenser, il doit libérer un esclave à titre d’expiation, ou observer le jeûne durant soixante jours consécutifs ou alors donner de la nourriture à soixante pauvres. 
- La compensation doit être exécutée dans l’ordre mentionné et non de façon facultative. S’il ne trouve pas d’esclave à affranchir, il observera le jeûne et s’il ne peut jeûner il donnera de la nourriture au pauvre. Mais, ce jeûne en compensation qui  se fait pour avoir manqué celui de Ramadan ou pour avoir transgressé une interdiction, est une obligation inéluctable bien qu’il puisse être accompli n’importe quand durant l’année.

  Il est connu que ‘A’icha compensait le jeûne manqué durant le mois de Cha’bâne, non tout de suite et dès qu’elle en était capable. 
  La compensation du jeûne a les mêmes conditions que le culte du jeûne imposé ; la question ne souffre pas d’usure. Autrement dit, on est appelé   à jeûner trois jours pour les trois jours de rupture ou cinq jours pour les cinq jours de rupture. L’important est de jeûner le même nombre de jours manqués, c'est-à-dire que celui qui manque des jours à Ramadan, jeûne le même nombre de jours à un autre moment de l’année. Il n’est pas obligé de les jeûner à la file. 

  Le culte du jeûne imposé est différent de la compensation des jours ratés : l’observation du jeûne durant le mois de Ramadan est une obligation accomplie durant ledit mois alors que la compensation se fait en dehors du mois de Ramadan. L’expression est purement jurisprudentielle, au sens que la compensation n’exige pas la succession des jours de jeûne ; on peut jeûner un jour, ou deux ou trois par semaine. Allah, glorifié et exalté soit-Il, dit :

﴾ Et quiconque est malade ou en voyage, alors qu'il jeûne un nombre égal d'autres jours. ﴿

[ (Al-Baqara (La Vache) : 185) ]

 Sans aucune restriction. Donc, quiconque a rompu son jeûne pour une question de maladie ou de voyage est appelé à compenser par d’autre jours consécutifs ou discontinus. A ce sujet, Allah a donné de la liberté sans restriction. D’après Ibn ‘Omar (qu’Allah soit Satisfait de lui), Ad-Daaraqutni rapporta :
  « Le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) dit au sujet de la compensation (du jeûne de Ramadan) : 

(( S’il veut qu’il jeûne des jours séparés ou s’il veut qu’il jeûne des jours consécutifs. ))

 Vous avez la liberté du choix mais, si le Ramadan suivant arrive sans que vous ayez compensé le jeûne manqué, les opinions des oulémas divergent à ce sujet. 
- Certaines écoles juridisprudentielles sont d’avis qu’il faut expier.
- Alors que d’autres pensent qu’il faut les jeûner sans devoir expier. 
- Un troisième groupe associe les deux opinions ; estime qu’il faut se racheter par une expiation au cas où le retard de la compensation n’a aucune excuse, si la personne est en bonne santé mais a manqué à son devoir par négligence en laissant passer des jours et des mois sans penser à compenser son jeûne rompu tout en jouissant d’une bonne santé et en laissant passer les jours d’hiver durant lesquels les heures de jeûnes sont réduites, sans en profiter, sera accusée de commettre une négligence. Somme toute, en cas d’une excuse valable, on n’est pas appelé à expier, autrement l’expiation s’impose de toute urgence. Cette issue combine les deux opinions juridiques.
 L’imam Malek et l’imam Ach-chafe’y ont dit que l’homme ne doit pas expier si son excuse de ne pas avoir jeûné est valable. 
- Quant à l’imam Abou Hanifa, il juge que la personne concernée ne doit en aucun cas expier. 
Une question s’impose à ce niveau : qu’en est-il de celui qui meurt sans avoir compensé son manque de jeûne ? 
Les ulémas se sont prononcés à l’unanimité que personne de sa famille ou en dehors de sa famille ne doit jeûner à sa place de même que pour la Salât qu’il aura manqué d’accomplir. 
 La question est semblable à celui qui meurt sans avoir compensé les Salâts qu’il avait ratées auparavant ou à celui qui est tombé malade sans avoir consommé les médicaments qui lui ont été prescrits. Il est mort et c’est fini : on ne demande pas à quelqu’un de sa famille de prendre les médicaments à sa place. Il y a un cas particulier pour chaque question. 

  Donc personne n’est appelé à rattraper les jours de jeûne rompus de celui qui meurt sans avoir compensé les jours de rupture durant sa vie tout en étant à la hauteur de le faire.  Si à Ramadan il a manqué un certain nombre de jours pour cause de maladie, puis s’est rétabli et ensuite est mort sans les avoir compensés bien qu’il ait eu largement le temps de le faire, ses parents doivent nourrir des pauvres à sa place.
 
  La majorité des Ulémas dont Abou Hanifa, Malek et Ach-Chafe’y pensent que les parents de ce mort ne doivent pas jeûner à sa place mais se limiter à donner de la nourriture à un pauvre pour chacun des jours qu’il aura manqués. Ils doivent donner au pauvre un moud de denrée comestible, ce qui correspond à la quantité comprise dans les deux mains jointes. Toutefois, certains imams de l’école chaféite jugent que les parents du mort doivent jeûner les journées manquées à sa place.

  De plus, les opinions des oulémas ont divergé au sujet du jeûne dans les pays où les journées sont extrêmement longues. Au nord de la planète, les heures du jour peuvent dépasser effectivement les vingt heures alors que les heures de la nuit e réduisent à moins de quatre. Ce sujet a été longtemps discuté et jusqu’à présent certaines personnes continuent à présenter de nouvelles opinions. Mais l’avis prépondérant au sujet du jeûne en ces pays implique de suivre l’horaire de la Mecque où la jurisprudence islamique a été révélée. Certains pensent qu’avec le froid qui aide plus au jeûne, la proportion des heures entre le jour et la nuit sera favorable de la sorte.  Nous réalisons en effet que durant les jours tempérés le jeûne est plus facile. Nous ne perdons pas beaucoup d’eau du corps, au contraire des jours d’été chauds, et plus nous allons vers le nord, plus le temps froid et humide aide au jeûne. 
  Certains Ulémas disent donc qu’il faut suivre l’horaire de la Mecque ou de Médine alors que d’autres jugent qu’il faut suivre celui du pays musulman le plus proche où les habitants peuvent supporter le jeûne de l’aube jusqu’au coucher du soleil.

L’importance et la valeur de la nuit « Al Qadr » :

 Nous sommes aujourd’hui à Laylat Al-Qadr (la nuit de la destinée) Allah (Exalté soit-Il) dit à ce sujet dans le Coran :

﴾ Nous l'avons certes, fait descendre (le Coran) pendant la nuit d'Al-Qadr. Et qui te dira ce qu'est la nuit d'Al-Qadr ? La nuit d'Al-Qadr est meilleure que mille mois. ﴿

[ (AL-QADR (La Destinée) : 1, 2, 3) ]

 Mille mois font quatre-vingts années. Des Ulémas disent que si vous adorez Allah d’une façon parfaite durant quatre-vingts ans et que Laylat Al-Qadr vous est révélée, c'est en ce sens que vous arriverez à mieux connaître Allah, à mieux connaître Son pouvoir, Sa majesté, Sa richesse, Sa force, Sa science, et la vérité de Ses lois, pourquoi Il vous a créé ; cette connaissance vous fera passer du rang des serviteurs à celui des savants. De là on comprend mieux le mérite de Laylat Al-Qadr, durant laquelle vous ne gagnerez un rang supérieur que par votre science, votre connaissance et votre empressement. Mais il faut faire attention à ne pas pratiquer la chari’a (les lois d’Allah) uniquement en apparence, avec étourderie et négligence, ce n’est pas là l’objectif visé :

﴾ La nuit d'Al-Qadr est meilleure que mille mois ﴿

   Le commun des gens dit : « Le coup du professionnel en vaut mille. »
   Il est dit que : « Allah ne prend pas de protégé ignorant et s’il en prend un Il lui apprend. »

  L’imam ‘Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) dit à Kumaïl an-Nakh’ï : « Les êtres humains sont de trois types : Un savant pieu, un étudiant dans l’espoir d’être sauvé, des vauriens et de la racaille qui suivent tout braillement sans se laisser guider par la lumière de la science, sans recourir à une anse solide. Prends garde à ne pas faire partie de ceux-ci.

 Il est dit aussi qu’il faut s’attendre à Laylat Al-Qadr en une des nuits impaires durant les dix dernières nuits du mois de Ramadan. C’est ainsi que le Prophète (Salla Allah ‘Alaihi wa Sallam) agissait. Durant les dix dernières nuits de ce mois, il intensifiait ses efforts, retroussait les manches, priait longtemps la nuit et réveillait sa famille pour faire de même. Cela signifie que ces nuits sont une sorte de concours et que l’être ne doit s’occuper de rien d’autre, même de ce qui lui est licite. 
 Certains oulémas pensent que Laylat Al-Qadr tombe à la vingtième et unième nuit de Ramadan, d’autres disent qu’elle a lieu à la vingt-troisième et d’autre encore la situent à la vingt-cinquième nuit de ce mois. Il y en a qui ont été même jusqu’à la situer à la vingt-neuvième nuit et ceux qui ont dit que sa date change d’une année à l’autre entre les nuits impaires de Ramadan. 

 Mais la plupart des oulémas sont d’accord qu’elle a plutôt lieu la nuit du vingt-septième jour. L’imam Ahmad a rapporté ce hadith d’après Ibn ‘Omar :

(( Que celui qui la recherche, la recherche à la nuit du vingt-septième jour ))

[ (Rapporté par Ahmad d’après Ibn ‘Omar) ]

 Al-Boukhari et Mouslim ont rapporté d’après Abou Houraïra que le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) dit :

(( Quiconque veille la nuit de la destinée (Laylat al-Qadr) avec une foi sincère et en espérant la rétribution d’Allah, se verra pardonné tous ses péchés antérieurs. ))

[ (Al-Boukhari dans son Sahih d’après Abou Houraîra) ]

 ‘A’icha (qu’Allah soit satisfait d’elle) dit :

(( Ô Messager d’Allah, si je parviens à trouver Laylat Al-Qadr que dois-je y dire.” Il répondit : “Dis : “Ô Allah, Tu es Indulgent et Tu aimes le pardon, Pardonne-moi donc. ))

[ (Ahmad, ibn Madjah ; At-Termizi dans les Sunan (Les Traditions) ]

 C’est l’invocation approuvée par excellence à répéter en cette nuit de destin (Laylat Al-Qadr) : 
“Ô Allah, Tu es Indulgent et Tu aimes le pardon, Pardonne-moi donc.”

La définition de la retraite rituelle :

 La retraite pieuse, rituelle ou spirituelle implique de demeurer à la mosquée avec l’intention de se rapprocher d’Allah, glorifié et exalté soit-Il.  Je vous affirme que lorsque vous passez un certain moment à la mosquée vous faites déjà une retraite spirituelle, car votre objectif est de mieux connaître Allah (Exalté soit-Il), vous n’aspirez à rien d’autre. Quant à la retraite chez soi, elle ne s’appelle plus retraite mais rupture de ce monde en dévotion pour Allah. Le Coran nous dit :

﴾ Mais ne cohabitez pas avec elles pendant que vous êtes en retraite rituelle dans les mosquées. ﴿

[ (Al-Baqara (La Vache) : 187) ]

 Il est recommandé à celui qui est en retraite spirituelle d’effectuer autant de cultes surérogatoires que possible, d’accomplir des unités de prières, de lire du Coran, de glorifier Allah, de le louer, de Lui demander pardon et de L’invoquer et surtout de prier sur le Prophète et de lui adresser ses salutations. Il doit aussi s’instruire en religion, étudier les livres d’exégèse et de hadiths, lire les biographies des prophètes, et des gens pieux, les livres de jurisprudence et de religion. Toutes ces pratiques sont estimées et vivement recommandés durant la retraite pieuse.

 En dehors de la mosquée vous essayez de gagner votre pain, dans la mosquée vous vous coupez de ce monde et vous vous tournez vers Allah. Ainsi voyez-vous écrit dans certaines mosquées :
  “J’ai l’intention de me mettre en retraite dans cette mosquée tant que j’y suis.”
 Maintenant en écoutant cette leçon vous êtes déjà supposé être en retraite, en exaltant Allah vous êtes en retraite et de même en Le louant, en lisant Son Livre, en priant ou en lisant un livre d’exégèse, un livre de hadith, de jurisprudence ou la biographie du Prophète.
 Notre Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) est sorti de sa retraite pour raccompagner sa femme Safya Bint Huyay jusqu’à chez elle. Elle avait raconté :

(( Le Messager d’Allah (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) était en retraite spirituelle et j’ai été le visiter le soir. J’ai conversé avec lui, ensuite je me suis levée pour partir et il se leva pour me raccompagner. » Ma maison était dans la construction d’Ussama Ibn Zayd. Deux hommes des Ançârs passèrent près de nous et à la vue du Prophètes, ils pressèrent le pas. Il leur dit : “Allez-y doucement il s’agit de Safya Bint Huyay.” Ils s’exclamèrent : “Gloire à Allah, ô Messager d’Allah.” Il dit : “Satan circule dans le corps de l’homme comme le sang dans les veines et j’ai craint qu’il ne lance dans vos cœurs un mal (une mauvaise pensée) ou il a dit “une chose” ))

[ (Al-Bokhari d’après Safya Bint Huyay) ]

 Si le Messager d’Allah, le seigneur des humains, agissait ainsi par prudence, lui l’irréprochable et l’infaillible, qui reçoit la Révélation divine, le maitre de toutes les créatures que devons- nous donc faire nous autres ? Il a craint que Satan n’insinue à ses compagnons de mauvaises pensées en se demandant qui était la dame avec lui. Vous devez donc en toute occasion tirer au clair la situation dans laquelle vous vous trouvez. Si vous marchez avec votre femme vous ferez mieux d’être accompagné par l’un de vos enfants. Si vous devez partir en voyage et que vous chargez votre beau-frère de prendre soin de sa sœur durant votre absence, vous devez le faire savoir aux voisins pour éclaircir la situation. La netteté empêche les insinuations de Satan. Que cela devienne votre méthode car tout ce que vous laissez d’imprécis, donnera l’occasion à un malhonnête de soulever le doute contre vous et de le propager parmi les gens. Vous souffrirez de vous être mis dans cette situation et vous le reprocherez aux autres.
  Un frère m’a raconté qu’un homme pieux était en visite chez un autre homme pieux dans son magasin de tissus quand une femme y fit son entrée et dit au propriétaire : “Tu nous manques.” Il lui répondit : « toi de même ». Le visiteur s’étonna de ces paroles qu’on n’échange pas généralement entre client et vendeur mais le propriétaire expliqua que c’était sa sœur qui, ayant besoin d’un métrage de tissus, était venue à lui. Le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) nous a appris comment agir dans pareille situation. Ses Compagnons s’étaient empressés à la vue de Safya mais il leur avait dit :

(( Allez-y doucement il s’agit de Safya Bint Huyay. ))

 Ach-Chafe’y dit en commentant ce hadith : “Cette attitude du Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) exprimait de la compassion envers ses Compagnons parce qu’ils auraient commis un péché mortel en nourrissant de mauvaises pensées à son égard (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) ; or, cette réaction ne pouvait lui échapper c’est pourquoi, il prit l’initiative de les mettre au courant afin de les épargner. 
  L’imam Ach-Chafe’y ajouta : « Vous devez agir de même si vous vous trouvez dans la même situation pour qu’on ne vous juge pas mal. »

 Par conséquent, celui qui est en retraite peut en sortir pour un moment. Mais le Messager d’Allah ne rentrait chez lui que pour une affaire pressante. Aussi les oulémas ont précisé que celui qui est en retraite ne doit la quitter que pour ses besoins humains urgents qui ne peuvent pas être exécutés au sein de la mosquée comme le fait de manger, de boire, ou encore s’il souffre de vomissements et autres raisons valables … Donc le fait de satisfaire ses besoins alimentaires ou ceux physiques n’invalident pas la retraire spirituelle. La retraite n’est annulée que s’il l’interrompt sans raison valable ne serait-ce qu’un laps de temps assez court. D’autre part, la retraite spirituelle est invalide pour celui qui apostasie puisqu’il nie la religion, pour celui qui perd la raison et pour celui qui a une relation sexuelle avec sa femme. Allah, glorifié et exalté soit-Il, dit :

﴾ Mais ne cohabitez pas avec elles pendant que vous êtes en retraite rituelle dans les mosquées. Voilà les lois d'Allah : ne vous en approchez donc pas (pour les transgresser). ﴿

[ (Al-Baqara (La Vache) : 187) ]

Conditions et dispositions de la Salât du Aid (de la fête) :

  Un autre point de Fiqh à traiter au sujet de la Salât du Aid (de la fête). 
 La Salât des deux fêtes a été instaurée à la première année de l’Hégire. C’est une Sunna (tradition) confirmée, c’est-à-dire que le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) ne la ratait que rarement. S’il ne l’avait jamais ratée, elle serait devenue obligatoire. Elle est l’opposé de la Sunna (tradition) non confirmée qui signifie au contraire être un rite accompli peu de fois et délaissé beaucoup d’autres.

 La Salât de la fête est donc une Sunna confirmée ; le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) a persévéré à l’accomplir et a ordonné ses compagnons de l’accomplir en plein air. 
Pour participer à la Salât de la fête, il est vivement recommandé en premier lieu de faire les ablutions majeures (Al-Ghosl), ensuite de se parfumer puis de porter ses plus beaux vêtements. D’après Dja’far ibn Mohammad d’après son père, d’après son grand-père, le Prophète avait une cape noire rayée qu’il tenait à porter à chaque fête et à la Salât du vendredi. Portez vos habits les plus neufs pendant les jours des deux Aids et à l’occasion des visites officielles, parce que de nos jours qui sont d’ailleurs ceux des derniers temps, l’homme est évalué suivant son apparence. Aussi le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) dit :

(( Parez vos montures et embellissez vos habits pour vous faire distinguer parmi les gens. ))

 Al-Hassan ibn ‘Ali (dit As-Sabt du Messager d’Allah) dit :
  « Le Messager d’Allah (bénédictions et paix sur lui) nous a recommandé de porter nos plus beaux habits pour les deux fêtes, d’utiliser le meilleur parfum et de faire un sacrifice de la bête la plus parfaite que nous possédons. »
 Le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) portait ses plus beaux habits en cette occasion. Il avait un costume spécial qu’il portait les vendredis et les jours de fête. Le vendredi est le jour férié de la semaine et les deux autres fêtes, de la rupture du jeûne et celle du sacrifice, sont annuels. Les fêtes des Musulmans se limitent aux jours de vendredi, à l’Aid du Fitr (de la rupture du jeûne) et à l’Aid du Adha (de l’offrande).

 Il est de la Sunna de manger un nombre impair de dattes avant de sortir de chez soi pour accomplir la Salât le jour du Aid (de la fête de rupture du jeûne) et de retarder cela le jour de la fête du sacrifice pour manger de la bête sacrifiée (de son offrande) après la Salât.
Donc, il est recommandé de manger les dattes avant de se rendre à la Salat du Aid al-Fitr (de rupture du jeûne), et de les manger en rentrant de la Salât du Aid al-Adha (de l’offrande).

(( Le jour de la fête de rupture du Jeûne, le Messager D’Allah (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) ne sortait de chez lui qu’après avoir mangé quelques dattes d’un nombre impair. ))

[ (Al-Bokhari dans son Sahih (authentique) et ibn Khuzaymah d’après Anas Ibn Malek) ]

   Cela signifie qu’il prenait une datte, trois ou alors cinq.
   D’après Bouraïda :

(( Le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) ne sortait le jour de la fête de rupture du jeûne qu’après avoir mangé et ne mangeait le jour de la fête du sacrifice qu’une fois rentré de la Salât pour manger (de la bête égorgée). ))

[ (Ahmad dans son Mousnad (Recueil) d’après ‘Abdullah Ibn Bouraïda, d’après son père) ]

  Ibn Qudaamah dit : “Nous n’avons jamais entendu parler de divergence d’opinion au sujet de la recommandation d’avancer la prise de nourriture le jour de la fête de rupture du jeûne.” Et la plupart des oulémas ont recommandé d’aller à la Salât par un chemin et d’en revenir par un autre. Quelle est donc la sagesse contenue dans cette recommandation ? Pour rencontrer le plus de gens possible puisque c’est le jour des rencontres, de l’affection, de la sérénité et de l’amitié. Par une ultime sagesse, Allah a instauré ces deux fêtes. Vous devez jouir durant la fête et aider aussi les autres à en jouir. Tout doit être suspendu durant les jours du Aid (de la fête), les gens sont joyeux, les problèmes doivent être laissés de côté, il n’y a pas d’effort pour gagner son pain, ni de satisfaction des besoins vitaux, ni de besoin à pourvoir, tout doit être préparé à l’avance. Votre famille et vos enfants doivent profiter de votre affection ce jour-là, essayez de leur faire plaisir en leur apportant ce qu’ils aiment comme nourriture ou vêtements. C’est là le sens ordinaire de la fête. 
  Mais la fête a un autre sens beaucoup plus important.

La véritable signification du jeûne mené à la perfection :

 Toutefois, la fête a un autre sens plus profond. Si par exemple un être passe un examen de dernière année universitaire dans une matière très difficile et le réussit, un examen entraînant d’énormes avantages, au sens qu’il lui permettra d’avoir une bourse ou d’être recruté à un poste remarquable, il sera très heureux lorsqu'il réussira à cet examen. Le goût de la réussite est doux.
 De même à la fin de Ramadan, après avoir jeûné trente jours, après avoir contrôlé ses désirs même ceux licites en vue d’avoir l’agrément d’Allah et avoir accompli les Salâts de nuit, après avoir vu qu’on se hausse d’un rang à l’autre, on vivra un bonheur immense. On a l’impression d’être retourné vers Allah, que notre âme nous est revenue, qu’on est sur le bon chemin. Personne ne peut vivre cette sensation à part celui qui a accompli consciencieusement son devoir en ce mois et en récolte la récompense. Allah nous a appris qu’à Ramadan, nous devons délaisser le licite et à plus forte raison l’illicite. En nous privant de manger et de boire, nous sentons qu’il nous est facile de délaisser la médisance, la calomnie et les regards furtifs. La fête consiste donc en la joie de cette réussite, en ce sentiment d’avoir obtenu l’agrément d’Allah. Alors que celui qui observe un jeûne traditionnel jouira uniquement de la tranquillité, de la nourriture et des vêtements.

Les fondations et les bases de la Salât de la fête :

 Le temps déterminé pour la Salât de la fête commence à partir du lever du soleil à une distance de trois mètres du méridien. Ahmad Ibn Hassan nous le rapporte d’après ce hadith de Djundoub :

(( Le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) nous présidait à la Salât de la fête de rupture du jeûne alors que le soleil était à la hauteur de deux arcs et ainsi en est-il pour la Salât de la fête du sacrifice. ))

 A remarquer, qu’il est préférable d’avancer autant que possible la prière de la fête du sacrifice et de retarder celle de la fête de rupture du jeûne. La première pour avoir largement le temps d’égorger la bête d’offrande et la deuxième pour avoir le temps de s’acquitter de l’aumône obligatoire du jeûne.

 Lorsque le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) se trouvait au lieu de la Salât, il commençait la Salât sans donner l’ordre d’en faire l’appel ni celui de la Iqama (le deuxième appel qui annonce son commencement). Mouslim rapporta d’après ‘Atâ’ qui dit :
« Djaber m’a informé qu’on ne fait pas d’appel à la Salât de la fête de rupture du jeûne lors de la sortie de l’imam, ni après sa sortie. De même, il n’y a ni Iqama ni rien. »
 Le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi w Sallam) se tenait debout et prononçait deux sermons en les séparant par un moment de répit où il s’asseyait.
  Les Takbirâts de la Salât du Aid :

 Cette Salât était de deux rak’a (unité de prière), et il est de la Sunna de prononcer le takbir c’est-à-dire de prononcer la formule “Allahou akbar (Allah est Le plus grand) avant la récitation du Coran durant la première rak’a.
  La Salât suivant les différentes écoles jurisprudentielles :

  1-  D’après l’école hanafite, l’imam se tient debout et dit Allahou akbar annonçant le début de la Salât, loue Allah en récitant l’invocation correspondante : (Subhanaka Allahumma wa Bihamdek…).
  Ensuite il répète trois fois (Allahou akbar) en élevant à chaque fois ses mains à la hauteur des lobes de ses oreilles. Entre chaque takbir, il dit : (Gloire à Allah, Louange à Allah, il n’y a d’autre dieu à adorer à part Allah, Allah est Le Plus Grand) puis il récite la sourate Al-Fâtiha (L’ouverture) et celle de Al-'A`lâ (Le Très-Haut) puis il fait la génuflexion et la prosternation, ensuite, il se redresse debout, il récite la sourate Al-Fâtiha et sourate Al-Ghâchiya (L'Enveloppante). Avant la génuflexion, il prononce trois fois le takbir en élevant les mains à la hauteur des lobes des oreilles, à chaque fois il dit : (Gloire à Allah, Louange à Allah, il n’y a d’autre dieu à adorer à part Allah, Allah est Le Plus Grand). C’est la Salât de la fête selon l’école hanafite.  

  2- D’après l’école chaféite, l’imam prononce le Takbir sept fois durant la Salât de la fête après le premier Takbir annonçant le début de la Salât et cinq après celui de la position debout. En Syrie, nous accomplissons la Salât du Aid suivant le rite de l’école hanafite.

 Il n’a jamais été prouvé que le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) ait accompli de Salât surérogatoire avant ou après la fête. Ses compagnons n’en ont pas accompli non plus.

 La Salât de la fête est valable pour les hommes, les femmes, les adolescents et les voyageurs qu’ils soient résidents ou non. Elle peut être accomplie en communauté ou individuellement, à la mosquée, chez soi ou en plein air.

 Celui qui rate cette Salât avec la communauté doit accomplir une prière de deux rak’a (unité de prière). 
D’après Al-Bokhari :

 Celui qui rate la Salât de la fête avec la communauté, doit accomplir deux rak’a ; il en est de même pour les femmes dans leurs foyers et les gens à la campagne, d’après ce hadith du Prophète (Salla Allah ‘Alaihi wa Sallam):

(( C’est notre fête à nous Musulmans. »  Anas Ibn Malek ordonna à son serviteur affranchi Ibn Abi ‘Outba de réunir les gens de sa famille à la campagne, d'accomplir la Salât comme ceux de la ville et de prononcer le takbir comme eux.  ‘Ikrima dit : “Les gens de la campagne se réunissent à la fête et accomplissent une Salât de deux rak’a (unité de prière) comme l’imam.”  ‘Atâ’ dit : “Celui qui rate la Salât de la fête en commun doit accomplir une Salât de deux rak’a. ))

[ (Al-Boukhari dans son Sahih (authentique)) ]

 Si, pour une excuse urgente, nous manquons la Salât de la fête en commun, nous accomplissons seuls une Salât de deux rak’a en visant l’agrément d’Allah (Exalté soit-Il).

Il est recommandé de prêter attention au sermon de la fête qui est une Sunna (tradition), et est prononcé après la Salât. 
D’après Abou Sa’îd Al-Khoudry :

(( Les jours des fêtes de rupture du jeûne et du sacrifice, le Messager d’Allah (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) sortait vers le lieu de la Salât en plein air et commençait par l’accomplissement de la Salât. Ensuite, il se tournait vers les gens alors qu’ils étaient toujours assis en rangs, les sermonnait et les conseillait. S’il voulait envoyer une expédition ou donner n’importe quel ordre, il le donnait et s’en allait. ))

 Abou Sa’îd Al-Khoudry ajouta :

(( Les gens ont continué à agir de même jusqu’au temps où je suis sorti avec Marwane, alors prince de Médine, aux fêtes de rupture du jeûne ou du sacrifice. Lorsque nous parvînmes au lieu de la Salât, nous trouvâmes un minbar fabriqué par Kathîr Ibn As-Salt et Marwane voulut y monter avant la Salât. Je le tirai par son habit, il fit de même, monta sur le minbar et prononça le sermon avant la Salât. Je lui dis : “Par Allah, vous avez changé l’ordre de la Sunnah.” Il répondit : “Ce que tu connais n’est plus.” Je dis : “Ce que je connais, par Allah, est meilleur que ce que je ne connais pas.” Il expliqua : “Les gens ne nous attendront pas après la prière, aussi nous l’avons fait (le sermon) avant. ))

[ (Al-Bokhari et Mouslim) ]

  Bien entendu, la Sunna implique de prononcer le sermon après la prière et nous le faisons de nos jours. Le fait de l’écouter est également une Sunna confirmée comme la Salât de la fête et il vaut mieux ne pas contredire la Sunna du Messager d’Allah (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) en quoique ce soit.

 Comme nous l’avons dit, il est recommandé durant la fête de répandre la joie et la réjouissance parmi ceux qui vous entourent et plus particulièrement parmi les enfants, comme il est recommandé de faire de bonnes œuvres ; ainsi le fait de visiter les proches parents, d’être généreux avec l’orphelin et la veuve sont des œuvres méritoires et seront largement récompensées durant ces jours-ci.

 Il est de même recommandé de se congratuler avec cette formule : “Puisse Allah agréer nos actions et les vôtres”.

 La formule du takbir se dit : “Allahou akbar, Allahou Akbar, lâ ilâh illa Allah, Allahou akbar, Allahou akbar wa lillah ilhamd” et doit être répétée continuellement avant la prière. 
  Mais à la fête du sacrifice, cette formule est répétée après les cinq prières de la journée jusqu’à la prière de Al-‘Asr (l’après-midi) du quatrième jour de la fête.

 Ce sont là les règles jurisprudentielles au sujet de la compensation du jeûne manqué à Ramadan, de Laylat Al-Qadr, de la retraite rituelle et de la Salât des deux fêtes. J’ai voulu les regrouper en cette leçon parce que nous sommes à quelques jours de la fête.

 Je vous souhaite une bonne année.

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