- La Biographie / La biographie du Prophète
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Après avoir pris connaissance des péripéties vécues par l’envoyé d'Allah, paix et bénédictions sur lui, lors de son émigration de La Mecque à Médine, nous abordons un point essentiel de sa vie, le terme de son émigration et son arrivée à Qouba’, dans la banlieue de la ville sainte qui portait alors le nom de Yathrib.
Ce qui a marqué l’arrivée du prophète, paix et bénédictions sur lui, à Qouba’
L’arrivée du prophète, paix et bénédictions sur lui, à Qouba’ :
Ce fut un lundi 14 du mois de Rabi’ premier de l’an de grâce 14 de sa prophétie, la première de l’Hégire, que Mohamed parvint à Qouba’. Mais avant de continuer, je voudrais d’abord insister sur le fait que :
La vie du prophète constitue en elle même une doctrine complète :
Sur ce plan, il convient de considérer avec une grande certitude que l’ensemble des aspects de la vie du prophète, paix et bénédictions sur lui, constitue une doctrine complète, et ce, avec tout ce que ce concept véhicule comme significations. Au terme de treize années passées à La Mecque et consacrées essentiellement à fortifier la foi dans le cœur de ses compagnons, chacun de ces derniers acquit une foi inébranlable, mais ils demeuraient physiquement et numériquement faibles, les uns subissant la torture sous les yeux de l’envoyé d'Allah qui ne pouvait que les inciter à la patience avec ses fameuses paroles :
« De la patience ! Famille de Yasir, votre rétribution est le paradis ! »
La force de la foi :
Quelle a été l’œuvre du prophète à La Mecque ? Il y a forgé la foi: la plus grande force sur terre. Si on pose la question : « Quelle est la plus grande force sur terre ? » d’aucun répondront: « c’est la bombe atomique ou l’énergie nucléaire, car son onde de choc et ses radiations détruisent instantanément des millions de gens et ne laissent derrière elles ni hommes, ni bêtes, ni plantes, ni aucun être vivant. Qui peut être plus fort que ces armes de destruction ? Leur inventeur grâce à ses aptitudes intellectuelles ; ce don divin qui lui permet de parvenir aux autres planètes. Il a envoyé des vaisseaux spatiaux sur la Lune et sur Mars à la vitesse prodigieuse de 40.000 kilomètres/heure au moment où les avions de lignes se déplacent à la vitesse de 900 ou 1000 kilomètres à l’heure seulement. Quarante mille kilomètres à l’heure, c’est quelque chose ! Celui qui, grâce à ses possibilités intellectuelles a réussi à fabriquer la bombe atomique est donc plus fort que la bombe atomique… Considérons maintenant cette force qui arrive à pousser un individu à consentir le plus grand sacrifice, à sacrifier en même temps tout ce qui est précieux comme ce qui ne l’est pas, à accepter le sacrifice suprême, la mort ; c’est la force de la foi, force à nulle autre pareille. En effet, y a-t-il plus précieux que la vie chez un individu ? Y a-t-il plus précieux que sa propre existence ? Offerte en sacrifice dans la voie d'Allah, la vie d’un croyant ne vaut pas grand chose pour lui. Cette force qui consiste à offrir spontanément ce qu’on possède de plus précieux : la vie, est la force de la foi. C’est ainsi que dans les grandes batailles de l’histoire de l’Islam, est devenue le leitmotiv lancé par les généraux et les combattants musulmans à leurs adversaires, la fameuse devise : « Nous venons vous combattre avec des hommes qui aiment la mort comme vous aimez la vie. »
Quelle a donc été la première entreprise du prophète paix et bénédictions sur lui, à La Mecque ? Il s’y est consacré à forger la foi de ses compagnons, à l’incruster au plus profond de leurs âmes. C’est pour cette raison que la foi est considérée comme une notion essentielle, un aspect fondamental de la doctrine que l’Envoyé d'Allah a renforcée, consolidée et affermie à La Mecque à un moment où la communauté musulmane était militairement et numériquement faible. C’est donc à dessein que l’injonction divine de ne pas combattre a été révélée dans le verset ci-après :
« N’as-tu pas vu ceux auxquels il a été dit : ‘abstenez-vous de combattre, mais accomplissez la prière et acquittez-vous de l’aumône légale…’ »
La force du droit (de la vérité) :
Le bon droit a quand même besoin de l’usage de la contrainte pour son application ; autrement dit, la concrétisation du bon droit pour réaliser la justice nécessite le recours à l’usage de la force. Ensuite, c’est une nouvelle étape accompagnée d’une autre stratégie que l’envoyé d'Allah a franchi en émigrant à Médine ; il y a entrepris l’édification d’une entité musulmane, la constitution d’un état musulman ; ce qui lui permit de livrer bataille à trois reprises aux Qoraïchites et d’y faire quelques raids et incursions qui ont obligé les adversaires à reconnaître l’entité musulmane avec laquelle ils ont dû négocier la fameuse trêve de Houdaïbya.
Lors de la première étape mecquoise qui consistait à forger l’âme des croyants en y incrustant la foi, les versets coraniques prenaient la connotation suivante :
« Par le soleil et par sa clarté ! Et par la lune quand elle le suit ! »
« Par l’aube ! Et par les dix nuits ! »
« Sur quoi s’interrogent-ils mutuellement ? Ils s’interrogent sur la grande nouvelle !»
Par contre, à Médine, ils ont obtenu la reconnaissance en tant qu’état avec le pouvoir de légiférer et doté d’une force militaire. C’est le processus que devraient adopter les musulmans contemporains, c'est-à-dire forger leur foi et l’incruster au plus profond de leurs âmes, à l’instar de ce qu’a accompli le prophète à La Mecque, puis compléter le processus et l’affermir au moyen d’une force militaire comme l’a fait l’envoyé d'Allah à Médine, faute de quoi, ils ne pourront jamais délivrer leur message.
La sortie des médinois supporters de l’envoyé d'Allah :
La sortie des médinois supporters de l’envoyé d'Allah, appelés ‘’ansars’’, pour l’accueillir, est dictée par leur désir ardent de le recevoir parmi eux.
‘Ourwa-Ibn-Azzoubayr rapporte : ‘’Dès que les musulmans de Médine surent que l’Envoyé était sorti de La Mecque et entrepris le voyage vers Médine, ils résolurent de se rendre chaque matin à la sortie de la ville pour l’attendre.
Par amour pour l’envoyé d'Allah, ses compagnons se postaient à l’entrée de Médine pour l’attendre et patientaient sous l’ardeur du soleil jusqu’à son zénith. C’est une particularité de l’islam qui s’avère être une religion d’amour, car sans amour, l’islam n’est plus qu’un corps sans âme, autrement dit un vulgaire cadavre dépouillé de l’amour, de l’affection, des battements du cœur qui en font une religion vivante, nourrie d’émotions, fleurant l’humanisme, comme décrite ci-après :
« Les vrais croyants sont ceux dont les cœurs frémissent à la moindre mention d'Allah, dont la récitation de Ses versets augmente leur foi, et qui placent leur confiance en leur Seigneur.»
Et dans cette tradition :
« Les alliés d'Allah sont ceux qui, dès qu’on les aperçoit, nous font rappeler Allah Tout Puissant »
Ils sont les alliés de leur Seigneur de par leur relation privilégiée avec Lui, de par leurs rapports teintés de foi, de par leur état spirituel gorgé de foi, de par la fusion foi/amour qu’ils avaient acquise, de par leur foi enfantant le sacrifice, de par la leur foi intimement liée à leur discipline.
Cet état d’esprit fit que les compagnons du prophète, paix et bénédictions sur lui, l’aimaient à un degré exceptionnel. De nos jours, lorsque l’amour réciproque déserte les cœurs des musulmans, ne restent que les structures grandioses sans âmes des mosquées, les bibliothèques/vitrines garnies d’ouvrages livrés à la poussière, les congrès pompeux, mais stériles, et les apparences si trompeuses…
Il existe une mosquée que j’ai visitée (que le traducteur a également visitée en 1997) à Casablanca, construite au bord de l’océan ayant couté la bagatelle de un milliard de dollars. Son minaret est le plus élevé au monde. C’est un édifice destiné à abriter une université avec tout ce que ce terme signifie. Les salles de culte y sont une splendeur ; sa décoration est une merveille du genre. Elle possède des salles de conférences, des hôtels cinq étoiles, des bibliothèques et autres merveilles alors qu’il n’existe plus d’amour entre les croyants et aucune relation privilégiée ne les lie avec leur Créateur…
Le top dans les relations réside dans le rapport privilégié avec Allah:
Considérons l’exemple suivant avec la plus grande attention :
Le commerce englobe des dizaines, voire des centaines, et mêmes des milliers d’activités. Considérons maintenant un négociant qui fait l’acquisition d’un grand centre commercial dont il prévoit des services d’import, des entrepôts, un personnel qualifié, des comptables, une administration, un service commercial et un service de publicité et de promotion des marchandises. Il effectue des voyages, des déplacements, des visites d’affaires et moult autres activités similaires. Toutes ces activités découlent d’une seule action qui a commencé avec l’achat du local, entrainant la série d’autres activités annexes propres à l’activité commerciale, à savoir la désignation d’un personnel d’import qualifié, les déplacements et voyages d’affaires, la désignation d’agences agréées, l’importation de marchandises, son exposition et sa vente, son transport, son transbordement, son prix, le transfert d’argent aux ateliers, les réunions, les règlements des différends, les problèmes liés aux prix, les problèmes inhérents aux ventes et aux achats annexes… Toutes ces activités se résument à un seul concept: le gain. Si l’activité d’un individu ne lui procure pas de gain, ce n’est pas un commerçant.
Parallèlement, les activités religieuses qui consistent à construire des mosquées, à y prévoir des bibliothèques, à y désigner des imams et des prêcheurs, à y programmer des exposés, des prêches, des émissions radiodiffusées et télévisées, des conférences ainsi que moult autres activités, à prévoir une profusion d’ouvrages sur la vie du prophète, paix et bénédictions sur lui, d’ouvrages d’histoire, d’ouvrages de langue, d’ouvrages sur la façon de psalmodier le texte sacré, d’ouvrages sur les règles relatives à l’exégèse, d’ouvrages sur les sources du droit musulman, d’ouvrages sur les droits comparés, d’ouvrages sur l’histoire du droit musulman, d’ouvrages sur les règles de succession, d’ouvrages sur les relations générales, d’ouvrages sur la croyance, d’ouvrages sur la tradition prophétique, d’ouvrages sur la terminologie relative aux traditions, et moult autres activités religieuses relatives à l’apprentissage, à l’enseignement, à l’édition, à l’édification de mosquées, aux administrations générales, aux associations caritatives, et tout ce qui a rapport avec la religion ; le tout se résume à une seule notion: la relation avec Le Créateur ; et si cette relation n’existe pas, l’ensemble de ces activités n’a plus aucun sens. Et c’est la raison pour laquelle le prophète, paix et bénédictions sur lui, s’est occupé d’abord à forger la foi dans le cœur des croyants à La Mecque, puis dans une seconde étape médinoise, s’est attelé à asseoir les bases d’un état solide, disposant ainsi de la force de la vérité et du droit à la force.
La dualité de la force de la vérité et du droit à la force :
Posons-nous maintenant la question de savoir pourquoi Caïn a tué son frère Abel ? Caïn disposait de la force. C’était le frère le plus fort alors qu’Abel avait pour lui le droit, mais il était plus faible, et fut ainsi tué. Que lui manquait-il alors que le droit était de son côté, alors qu’il a présenté une offrande en sacrifice que son Seigneur a agréé, alors qu’il a obéi à son Seigneur en épousant la sœur de son frère ? Il lui manquait la force de Caïn ! Et qu’est-ce qui manquait à Caïn ? Il lui manquait la foi de Abel, ce qui fit Caïn disposer du droit de la force alors que son frère disposait de la force du droit. C’est la raison pour laquelle le prophète, paix et bénédictions sur lui, s’est d’abord occupé d’acquérir la force du droit à La Mecque pour s’occuper à disposer du droit de la force à Médine. Mais quel est ce droit de la force ?
Les grandes puissances actuelles se sont tracées un droit sur mesure parce qu’elles disposent de la force militaire. Elles l’ont appelé droit de veto, droit inique et scandaleux qui leur permet de contrecarrer toute décision qui ne va pas dans le sens de leurs intérêts, agissant ainsi en complète contradiction avec les préceptes d'Allah. C’est le fruit de leur invention, le droit de la force. Le fort dicte les conditions que le faible est obligé d’appliquer.
C’est également la raison pour laquelle notre prophète, paix et bénédictions sur lui, nous a appris que la force du droit ne suffit pas, car lui-même disposait de la force du droit à La Mecque et ne pouvait rien faire en voyant ses compagnons subir les tortures des qoraychites ; ce qui l’amena à entreprendre la tâche d’édifier un état solide à Médine, état musulman qui lui permit d’acquérir le droit de la force.
Concernant le monde occidental contemporain, le droit possède une seule signification : la force ; militaire s’entend. La force est à l’origine du droit ; et ainsi, il n’appliquent pas deux poids deux mesures seulement, mais mille poids mille mesures, le droit de la force étant de leur côté. Par contre, pour les croyants, le droit consiste en ce qui a été révélé par Le Créateur Tout Puissant et qu’on retrouve dans les deux révélations : le Coran et la Sounna ou ensemble des traditions rapportées sur le prophète, paix et bénédictions sur lui. Même de source divine, ce droit a besoin de force dans sa dimension humaine.
La foi et la croyance ne suffisent donc pas au croyant ; il ne lui suffit pas d’être moralement pur et pacifique et se contenter de dire : ‘’ il n’y a de volonté et de force que celles d'Allah... Que puis-je faire ? La décision n’est pas entre mes mains !’’ Il est vrai que le pouvoir de décision et toutes les stratégies appartiennent à ses maîtres alors que lui se contente de se lamenter en mots creux qui le confortent dans sa faiblesse, dans sa reddition dans tous les domaines, supportant les pressions et l’avilissement, résigné dans son état d’infériorité en se justifiant: ‘’Nous sommes faibles’’, ‘’Allah en a décidé ainsi’’, Que pouvons-nous faire ?’’ Etait-ce là la manière d’agir des compagnons du prophète, paix et bénédictions sur lui ? Que non !
Le premier souci du prophète, paix et bénédictions sur lui lorsqu’il parvint à Médine fut de passer à une étape cruciale de l’histoire de l’Islam ; il s’est attelé à édifier un état solide, seul facteur qui lui permit d’acquérir le droit de la force et qui lui permit non seulement de combattre les Qoraychites, mais de les battre à la bataille de Badr. Ce droit lui permit de les combattre encore à Ouhoud, puis de les défaire à la bataille dite ‘de la tranchée’ (khandaq) et de les harceler en différentes escarmouches qui lui permirent de s’emparer de tout ce que représentait la puissante tribu de Qoraych, symbole de la force, de la puissance, de l’orgueil, de la frénésie, de la tyrannie et des mœurs dissolues dont les membres se vautraient dans l’alcool, la luxure, la dépravation, mais qui finirent par reconnaître leur défaite et se soumettre au jeune état musulman.
C’est la voie que devrait prendre le monde musulman actuel, car s’il ne s’y résout pas, il ne pourra même pas appliquer l’islam chez lui. Il faut qu’il se rende à l’évidence que ce monde est plein de Caïns et de Abels. Si les Abels sont croyants, grâce à Allah, leur destinée, si Allah veut, est le paradis, mais ils le gagneront égorgés comme des agneaux. Quant aux Caïns, ce sont des tueurs et des criminels, doués de forces. Si seulement les Abels s’inspiraient des Caïns en matière de force, de puissance et de pouvoir.
J’ai commencé cet exposé en faisant référence à l’amour. Le croyant aime-t-il son frère croyant aujourd’hui ? Faisons une petite comparaison entre l’époque de l’hégire et aujourd’hui… Les compagnons du prophète accomplissaient la prière de la nuit close à la mosquée et ne se quittaient pas pour la nuit sans s’étreindre les uns les autres et se souhaiter au revoir. Les nuits étant très courtes en été, ils rejoignaient la mosquée dès l’aurore et se comportaient comme s’ils ne s’étaient vus depuis des lustres alors qu’ils étaient ensembles quatre ou cinq heures plus tôt seulement. Lorsqu’ils se revoyaient à la mosquée après ces courtes séparations, ils se congratulaient, s’étreignaient et se félicitaient de leurs retrouvailles. Ils partageaient une certaine affection qui les faisait se saluer de nouveau s’ils venaient à se séparer pour quelques instants seulement dans leurs marches et leurs déplacements. Les liens d’amitié étaient si forts qu’ils étaient heureux de se saluer continuellement. Je pense que nous avons besoin d’un tel amour entre nous aujourd’hui, et je pense que nous avons besoins de la même fraternité aujourd’hui, pareils à ceux dont parle le Seigneur dans la tradition sacrée ci-après :
« Mon amour est acquis de fait le Jour du Jugement Dernier à ceux qui s’aiment en Moi, à ceux qui se rencontrent pour Moi, à ceux qui donnent pour Moi, à ceux qui se rendent visite pour Moi, à ceux qui s’aiment pour Moi. Ils seront sur des chaires de lumière que leur envieront les prophètes, les justes et sincères, et les martyrs. »
Signes avant-coureurs de l’arrivée du prophète à Médine :
Après l’avoir attendu toute la journée, les compagnons du prophète et les Médinois s’en retournèrent chez eux, un personnage d’entre les juifs de la ville se rendit sur un endroit élevé et aperçut de loin le prophète et ses accompagnateurs arriver. Il s’écria : « O vous, les Arabes ! Voila votre bon augure que vous attendiez ! » Les musulmans allèrent prendre les armes, voulant montrer par là qu’ils étaient prêts à le défendre envers et contre tous.
Il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui, il existe des antennes de réception par satellites, des informations en temps réel, des communications tous azimuts. Le plus petit événement qui a lieu quelque part dans le monde parvient aux quatre coins de la planète presqu’instantanément en détails, et chacun peut en observer l’image en couleurs et en entendre le son. Du temps de l’hégire, les communications n’existaient pas. C’est pour cette raison que les compagnons du prophète et les médinois attendirent patiemment pendant douze nuits son arrivée. Il ne faut pas non plus oublier qu’aujourd’hui, quelqu’un prend sa voiture de La Mecque à Médine et se rend quand même compte de la longueur de temps et du trajet. Il y en a même qui, dans une voiture climatisée, à une vitesse de 150 km/h, se plaignent en disant : « Six heures ou quatre heures de route, le voyage est vraiment fatiguant !!! » Du temps de l’hégire, le prophète et ses compagnons firent le voyage à dos de dromadaire en douze jours à travers le désert, dans la peur et l’angoisse alors que sa tête était mise à prix, mort ou vif. Dans le calvaire qu’ils ont vécu au cours de ce périple, ce groupe en fuite avec l’envoyé d'Allah nous ont offert notre religion dont nous profitons aujourd’hui à notre aise. S’ils ont tout sacrifié dans cette fuite pour faire s’épanouir cette religion, nous en profitons aujourd’hui sans avoir rien sacrifié ni éprouvé la moindre gêne ou la moindre difficulté.
Lorsqu’aujourd’hui un individu se range et se réconcilie avec son Créateur, il profite de cette rédemption et gagne en soutien, en noblesse, car l’Islam le prend en charge, l’élève dans la vie et l’ennoblit alors que le prophète et ses compagnons ont souffert le martyre pour nous l’offrir.
Ibn-Al-Qayyim se prononce sur le sujet : ‘’Les musulmans ont glorifié le Seigneur en voyant arriver le prophète et sont sortis en masse l’accueillir. Ils l’ont salué et lui ont marqué le respect dû à son statut de prophète, l’entourant, le fêtant, alors que la sérénité l’enveloppait. C’est dans cet état que la révélation lui parvint :
« … Alors ses alliés seront Allah, Gabriel, et les vertueux d’entre les croyants ; et les anges sont par surcroît son soutien. »
Si Allah Tout Puissant est le soutien d’un individu, qui donc peut être contre lui ? Et s’Il est contre lui, qui donc peut être son soutien ?
Quant à ‘Ourwa-Ibn-Azzoubayr, il commenta l’événement ainsi: ‘ils ont accueilli le prophète, paix et bénédictions sur lui. Il les fit dévier sur la droite jusqu’à ce qu’ils eussent atteint le lieu d’implantation des Bani ‘Amr-Ibn-‘Awf… C’était un lundi du mois de Rabi’ premier. Abou-Bakr se leva alors, et le Prophète resta assis en silence.
J’en profite pour rappeler que celui qui voyage seul est assimilé au démon. Par contre, voyager à trois, c’est se conformer de façon idéale à la tradition prophétique…
L’entrée du prophète à Médine, et son comportement exemplaire :
Il s’assit en silence sous les cris de joie de la foule de médinois qui ne le connaissaient pas. C’était Abou-Bakr qui l’accompagnait et qui, debout, recevait les gens, qu’on prit d’abord pour le prophète. C’est l’intelligence, la sagesse et le savoir-vivre de Abou-Bakr qui le firent réagir immédiatement. Comme le soleil brûlant tapait sur le prophète assis en silence, Abou-Bakr prit son vêtement et, sans prononcer un mot, s’en servit pour faire de l’ombre au prophète. Les gens comprirent immédiatement que le prophète était le personnage assis.
Il en va de même de nos jours. On assiste à des habitudes protocolaires qui n’ont nul besoin d’explications. Par exemple deux individus marchent ensemble. L’un est directeur d’entreprise, d’hôpital, de grande école, ou même ministre. Si les deux marchent l’un à côté de l’autre, les gens se rendent compte qu’il y a quelque chose d’anormal. Par contre, si la deuxième personne marche un peu en retrait avec une certaine marque de respect, tout le monde sait que la première personne est le personnage important. C’est une simple question d’habitudes protocolaires qui sont universellement admises et n’ont nul besoin de commentaires. Il existe une anecdote concernant le général de Gaulle, alors président de la France. Il marchait avec un deuxième personnage à qui il fit la remarque suivante : ‘restez un pas en arrière pour que les gens comprennent qu’il n’existe qu’un seul président de la république en France… »
C’est une question de bonnes manières. C’est ainsi que lorsque les médinois pensèrent que le prophète était Abou-Bakr, il réagit instantanément avec un geste qui fit disparaître toute méprise. Il fit de l’ombre au prophète, et tout le monde se rendit compte de la méprise. Il en va de même pour l’adjoint d’un directeur qui accompagne son chef dans une visite de travail ; il doit toujours marcher légèrement en retrait pour lever toute équivoque. En islam, le respect dû au père veut que le fils ne le précède jamais dans la marche et ne marche pas à côté de lui ; il doit également être légèrement en retrait. Il ne doit jamais s’asseoir avant lui… C’est une des marques de la religion qui apparaît ainsi comme un code de bonne conduite.
Il existe également une anecdote de la période préislamique à Médine. Il y avait un homme d’une grande beauté, nommé Zayd-Al-Khayl. On raconte qu’il était tellement grand que lorsqu’il montait un cheval, ses pieds touchaient le sol. Son visage reflétait la beauté de la lune. Il entra un jour dans la mosquée du prophète et assista au prêche du vendredi. Le prophète le remarqua et lui dit : ‘’qui es-tu ?’’ L’homme répondit : ‘’je m’appelle Zayd-Al-Khayl…’’ Comme avant l’islam c’était le personnage le plus connu pour sa beauté, sa force, et sa virilité, le prophète corrigea : ‘’Plutôt Zayd-al-Khayr’’. Il lui embellit ainsi le nom et lui demanda de l’accompagner, car cela faisait un quart d’heure tout au plus qu’il s’était converti à l’islam… Le prophète lui donna un coussin pour qu’il puisse l’utiliser pour s’accouder. Zayd-Al-Khayr protesta humblement : ‘’Par Allah ! Je ne peux me permettre de m’accouder sur ce coussin en ta présence, envoyé d'Allah…’’
Il est de bon ton de savoir comment s’asseoir devant une personnalité. S’asseoir n’importe comment devant lui est un manque de savoir-vivre. Mettre une jambe sur l’autre ou les écarter exagérément est un signe d’absence d’éducation. Manipuler un chapelet entre les doigts n’est pas convenable non plus. Lire le journal en présence d’un groupe de personnes n’est pas bien vu non plus.
C’est ainsi qu’on demanda un jour à l’envoyé d'Allah : qu’est ce que ce comportement exemplaire, envoyé d'Allah ? Il répondit :
« C’est Allah Tout Puissant qui m’a donné cette éducation ; et Il l’a parfaite en moi. »
C’est ainsi qu’on ne l’a jamais vu tendre les jambes devant ses compagnons, et quand il offrit un coussin à Zayd-Al-Khayr pour s’y accouder, faisant ainsi preuve d’honneur à un invité, ce dernier s’excusa en disant : ‘’Par Allah ! Je ne peux me permettre de m’accouder sur ce coussin en ta présence, envoyé d'Allah…’’
C’est également faisant preuve d’un savoir-vivre exceptionnel que l’envoyé d'Allah tint à prévenir ses compagnons en voyant arriver le nouveau converti Ikrima, le fils d’un des ennemis les plus implacables du prophète, disant :
« Ikrima, fils de Abou-Jahl viendra vers vous en tant que croyant émigrant, n’insultez pas son père, car l’insulte faite à un défunt nuit au vivant et n’atteint nullement le défunt. »
Quelle moralité exemplaire ! Ainsi est la moralité musulmane, car le croyant symbolise la morale, la finesse dans le comportement. Par contre, celui qui dit qu’il n’y a pas de morale en religion, comme d’aucuns ont pris l’habitude de le clamer à tort et à travers, c’est un menteur, car la religion musulmane symbolise la morale, la preuve en est les paroles divines suivantes :
« … Et ceux qui s’interdisent tout rapport sexuel en dehors de leurs épouses ou des esclaves qu’ils possèdent et pour lesquelles ils n’encourent nul blâme. Et quiconque entretient de tels rapports avec d’autres que celles là, ce sont des transgresseurs. »
Quelques adabs (des moraux) tirés du Coran et de la Tradition :
Toutes les déviations en matière sexuelle se résument à ce verset :
«Et quiconque entretient de tels rapports avec d’autres que celles là, ce sont des transgresseurs. »
Considérons encore la moralité dans l’énoncé et l’expression coraniques à travers le verset suivant :
« … Et lorsque celui-ci eut cohabité avec elle, elle conçut une grossesse. »
Et dans cet autre ou le rapport sexuel est qualifié de façon si délicate :
« … Ou si vous avez touché à des femmes… »
C’est une phrase que même un enfant comprend aisément. ‘’si vous avez touché à des femmes’’, c'est-à-dire si un homme prend la main de sa femme. Une signification plus profonde fait référence à l’acte charnel, objet du verset qui continue :
« … Et que vous ne trouvez pas d’eau, alors ayez recours aux ablutions sèches… »
La religion musulmane se trouve ainsi être un creuset de comportements et d’actions hautement moraux.
Remarquez la finesse du langage chez les premiers musulmans dans l’anecdote suivante. Une femme vint voir Omar durant son khalifat pour se plaindre de son mari qui la négligeait. Elle s’adressa à lui ainsi : ‘’O émir des croyants ! Mon époux ne fait que jeûner et veiller en prières’’. Probablement distrait, le khalife lui répondit : ‘’Allah bénisse en ton mari !’’ Mais perspicace, Ali intervint et souffla au khalife : ‘’Elle ne vient pas vanter son mari ; elle vient s’en plaindre…’’
Comparez cette finesse du langage alors que de nos jours, des femmes se permettent un tout autre langage au téléphone.
Une femme en tenue négligée et d’apparence encore plus négligée rencontra une fois Aïcha et se plaignit de son mari, le nommé Othmane-Ibn-Madh’oune qui la délaissait totalement. Le prophète l’interpella ainsi : « O, Othmane ! Ne suis-je pas un modèle pour toi sur ce sujet ? Ton corps a des droits sur toi ; ton épouse a des droits sur toi ; tes visiteurs ont des droits sur toi ; donne-donc à chacun son dû… » Le personnage s’empressa de suivre le conseil du prophète et s’intéressa de nouveau à sa femme, se rapprocha d’elle et l’entretint comme il se doit. Elle changea complètement d’apparence et montra une certaine coquetterie dans le port et la tenue, se parfuma et rendit visite à Aïcha toute parée. Cette dernière s’étonna de l’apparence de la visiteuse qui, la veille était complètement négligée, et qui se tenait devant elle complètement transformée. Elle dit simplement : ‘’Il nous arrive ce qui arrive à toutes les autres gens.’’ Ainsi est le langage du savoir-vivre et de la bienséance.
Rappelez-vous ; Abou-Bakr s’était empressé de faire de l’ombre avec son habit au prophète, paix et bénédictions sur lui. Il n’a pas protesté : ‘’non ce n’est pas moi l’envoyé d'Allah. Il a réagi avec perspicacité et finesse pour lever un malentendu, d’un simple geste qui a fait comprendre à la foule que l’envoyé d'Allah était la personne qui était assise, et non l’autre. C’était le jour historique qui a vu l’ensemble des médinois se rassembler pour voir l’envoyé d'Allah venir les honorer de sa présence.
Les juifs de Médine purent ainsi confirmer, sur sa personne même, des signes annonciateurs de sa prophétie qu’ils tenaient de leurs Ecritures Saintes. L’envoyé d'Allah fit halte donc à Qouba’ et s’installa chez Kalthoum-Ibn-Al-Hadm ; d’autres disent chez Ali-Ibn-Sa’d, mais plus probablement chez le premier. Quant à Ali-Ibn-Abi-Talib, il resta encore trois jours à La Mecque pour remettre à leurs propriétaires les biens confiés en dépôt à l’Envoyé d'Allah.
Chez nous aujourd’hui, il existe une grave tendance stigmatisante qui légitime l’appropriation d’argent des mécréants. Quelqu’un se rend par exemple en Europe et achète des marchandises pour des dizaines de milliers de dollars avec une carte de crédit sans verser un sou. Il rentre dans son pays et se prend pour un héros. Comparons cet individu avec le prophète, paix et bénédictions sur lui, à la garde de qui des associateurs qui adoraient les idoles avaient confié leurs biens pour sa confiance et son sens de l’honnêteté. Le fait qu’ils fussent des associateurs n’a jamais amené le prophète à considérer de son droit de les escroquer. Il a tenu à laisser derrière lui son cousin Ali trois jours à La Mecque pour rendre leur dû à ceux qui lui avaient fait confiance en lui laissant la garde de leurs biens.
Que chaque individu qui se rend dans un pays occidental et se permet de s’approprier ainsi de l’argent d’autrui sache qu’il trahit les principes mêmes de cette grande religion. Tant qu’il existe des représentations diplomatiques entre deux états dans le jargon moderne, un des deux états est considéré comme un état sûr, du simple fait des accords qui les lient. Par contre, concernant un pays hors la loi comme Israël, tout ce qui peut en être prélevé peut être considéré comme butin de guerre. Par contre, les biens de ceux qui sont prémunis sont sacrés et illicités pour les musulmans. Il faut donc bannir l’idée que les biens des associateurs sont licites pour les musulmans et se rappeler l’épisode de la sortie du prophète de La Mecque, laissant derrière lui son cousin Ali, chargé de rendre à des associateurs les biens qu’ils avaient confié à sa garde.
Il est malheureux de voir aujourd’hui des musulmans commettre au nom de leur religion, des crimes dans des pays étrangers.
Il faut savoir que lorsqu’un musulman fait du tort à un autre musulman, ce dernier se plaint qu’untel lui a fait du tort ; mais lorsqu’un musulman lèse un non musulman, ce dernier ne se gène pas pour dire que c’est l’islam qui lui a fait du tort.
Ali-Ibn-Abi-Talib rend à leurs propriétaires les biens confiés à la garde du prophète :
Au lieu d’accompagner le prophète, son jeune cousin Ali resta à La Mecque trois jours avec pour mission de rendre à leurs propriétaires les biens confiés par les Mecquois à la garde de l’envoyé d'Allah, puis le rejoignit, parcourant à pieds les 480 kilomètres qui séparent La Mecque de Médine. C’est ainsi que ces émigrants nous ont fait parvenir notre religion, l’ont ‘portée’ à nous alors qu’aujourd’hui, c’est la religion qui nous porte. Ali rejoignit donc le prophète à Qouba’. Ce dernier y resta quatre jours, à savoir lundi, mardi, mercredi, et jeudi et y édifia la mosquée qui porte ce nom. Chaque musulman qui accomplit le pèlerinage aujourd’hui, y fait un passage et y accomplit une prière de deux génuflexions. Elle est ainsi la première mosquée après sa prophétie, réalisée dans les faubourgs de Médine après l’Hégire.
Le cinquième jour qui fut un vendredi, sur ordre de son Seigneur, il reprit le chemin de Médine et fit halte au lieu dit Bani-Salem-Ibn-‘Awf au creux d’une vallée pour la prière du vendredi. Après la prière, il pénétra à Médine en compagnie d’une centaine d’hommes. Depuis ce jour, la ville de Yathrib devint Médine, la ville de l’envoyé d'Allah. Une tradition rapporte qu’en quittant La Mecque, l’envoyé d'Allah aurait fait cette prière à son Créateur :
« Seigneur ! Tu m’as fait quitter ma ville préférée ; fais-moi habiter celle que Tu préfères. »
C’est pour cela qu’on dit que Médine est la ville préférée d'Allah, parce que s’y trouve Son préféré. Le Coran l’évoque ainsi :
« Non ! Je jure par cette cité ! »
Pourquoi donc Allah jure-t-Il par cette ville ? Il y répond Lui-même ci après :
« … Alors que tu es résident de cette cité… »
Considérons encore ces vers du poète :
Ce n’est pas l’amour de la demeure qui a passionné mon cœur ;
C’est plutôt l’amour que je porte pour celui qui y demeure…
Celui qui effectue le grand ou le petit pèlerinage se rend compte que les références à la majesté sont pour La Mecque alors que les références à la beauté sont pour Médine.
Je me rappelle cette anecdote à Médine alors que j’accompagnais mon épouse dans un magasin de tissu. Après que le vendeur lui eut coupé un pan de tissu, la cliente lui demanda : ‘’pour l’envoyé d'Allah, fais-moi un bon prix !’’ Le vendeur lui répondit : ‘’Par Allah ! Je n’en prendrai pas le prix ! Considérez-le comme cadeau, car le terme ’’Envoyé d'Allah’’ est quelque chose de très grand pour nous. C’est une vérité, car à Médine, le visiteur se rend compte que la spiritualité du prophète a déteint sur tous les Médinois.
Aujourd’hui, la cité a pris le nom de Médine qui est le résumé de ‘’Cité de l’Envoyé d'Allah’’. C’est le temps qui veut qu’aujourd’hui on préfère abréger. Par exemple, autrefois on disait ‘’le chef des armées untel’’, mais dans la discussion on abrège en disant: ‘’le général est arrivé’’.
Une journée historique :
Ce fut une journée historique assez spéciale. Toutes les maisons et les chemins retentissaient des voix qui glorifiaient le Seigneur et les jeunes filles entonnaient les couplets de la chanson éternelle suivante :
La lune nous est apparue Des hauteurs (de la montagne) de l’adieu…
Nous nous devons de remercier Pour tout appel à Allah effectué par celui qui l’a fait
O toi, l’envoyé parmi nous ! Tu es venu avec le commandement …
Concurrence parmi les supporters (ansars) pour accueillir chez eux le prophète :
Malgré leur situation sociale des plus modestes, chacun des médinois caressait l’espoir de voir l’Envoyé d'Allah lui faire l’honneur de descendre chez lui. Ce fut réellement une concurrence des plus singulières. Chacun se rendait compte que c’était un immense honneur de recevoir chez lui le prestigieux prophète. Si le prophète avait choisi un de ses compagnons, le fait de descendre chez lui aurait signifié qu’il lui avait donné une certaine considération au détriment des autres.
Il arrive qu’un individu donne une fête. Il y invite Zayd, mais n’invite pas ‘Abid ; Cela signifie qu’il a donné une certaine considération à Zayd au détriment de ‘Abid.
Laissez-la aller ; elle est commandée…
Le prophète était confronté à un dilemme ; tous étaient considérés comme ses compagnons. Il ne passait pas devant une demeure sans que ses occupants ne se saisissent de la bride de sa monture pour le convaincre de descendre chez eux. « O Envoyé d'Allah ! Bienvenue dans la demeure du nombre et de la force des armes, de la paix et de la sureté ! Nous sommes là pour te protéger au prix de nos vies. Nous sommes prêts et bien armés. Parlant de sa chamelle, le prophète, paix et bénédictions sur lui, finit par dire :
« Laissez-la aller ! Elle est commandée… »
Et ainsi, il n’y eut plus sujet à reproche. Il ne donna suite à l’invitation de personne, mais se contenta de dire simplement :
« Laissez-la aller ! Elle est commandée… »
La chamelle continua donc à marcher jusqu’à ce qu’elle fut parvenue à l’endroit où se trouve la mosquée du prophète aujourd’hui. Elle s’accroupit, mais l’envoyé était encore sur son dos lorsqu’elle se releva, fit quelques pas, se retourna et revint s’accroupir au même endroit. Elle était sûre de son choix.
C’est ainsi que de nos jours, le PC demande à l’utilisateur de reporter son mot de passe. L’utilisateur le reporte ; le PC le lui demande pour confirmation. Ainsi a agi la chamelle de l’envoyé d'Allah en s’accroupissant une première fois, en se relevant pour faire quelques pas, en se retournant pour revenir finalement s’accroupir au même endroit. C’était l’endroit choisi par le Seigneur Lui-Même ; l’endroit où se trouve aujourd’hui la Mosquée de l’Envoyé d'Allah à Médine. L’endroit est connu sous le nom de Bani-Annajjar, les oncles maternels du prophète. Allah Tout Puissant a ainsi voulu le faire descendre chez ses oncles maternels en quelque sorte. C’était le vœu du prophète de descendre à cet endroit, mais il se garda de le faire de son propre gré afin de ne pas heurter la sensibilité des Médinois. C’est ainsi qu'Allah Tout Puissant lui a inspiré de laisser sa chamelle se charger de ce choix pour ne pas faire de mécontents parmi les Médinois.
L’invitation d’Abou-Ayyoub-Al-Ansari :
Ce personnage prit l’initiative de décharger de la chamelle les bagages du prophète et de les porter dans sa demeure. Alors qu’un autre l’invitait à descendre chez lui, l’envoyé d'Allah s’exprima ainsi : « le voyageur doit être près de ses bagages. » C’était devant la demeure de Abou-Ayyoub-Al-Ansari, sur le lieu des oncles maternels de l’envoyé d'Allah.
Puis vint As’ad-Ibn-Zarrara et se saisit des rênes de la chamelle, ce qui fit dire à l’Envoyé d'Allah : « Quelle est la demeure la plus proche de cet endroit ? » Il parlait de l’endroit où s’était accroupie la chamelle. Abou-Ayyoub s’écria : ‘’C’est la mienne, O envoyé d'Allah ! La voici, et voici ma porte d’entrée !’’ L’envoyé d'Allah lui alors : « Va donc nous préparer un endroit pour y faire une sieste et nous reposer. » L’hôte répondit : ‘’A la grâce d'Allah donc !’’
Après quelques jours, arrivèrent son épouse Sawda, ses filles Fatima et Oum-Kalthoum, Oussama-Ibn-Zayd, Oum-Ayman, accompagnés de Abdoullah-Ibn-Abi-Bakr et l’épouse de ce dernier, ainsi que Aïcha. Zaynab n’ayant pas été autorisée à sortir de chez Abi-Al-‘As, son mari, elle ne rejoignit son père qu’après la bataille de Badr.
Aïcha dit : ‘’Quand le Prophète arriva à Médine, Abou-Bakr et Bilal ne tardèrent pas à tomber malades. Je me rendis près d’eux et m’enquis: Comment te portes-tu, père ? Comment te portes-tu, Bilal ? Quant à Abou-Bakr, lorsqu’il était pris d’un accès de fièvre, il se mettait à versifier. Il récitait :
Tout individu se trouvant parmi les siens
Alors que la mort est plus proche de lui que les lacets de ses souliers…
Bilal à son tour reprenait d’une voix plaintive :
Que ne donnerais-je pour passer une seule nuit
Dans une vallée au milieu des senteurs des plantes fleurant la citronnelle…
Pourrais-je me retrouver un jour devant les eaux de Moujna ?
Et les monts de Chama et Toufayl m’apparaîtront-ils enfin ?
Ayant pris connaissance de ces accès de nostalgie de La Mecque, Aïcha réagit ainsi, disant : ‘’Je me rendis auprès du Prophète, paix et bénédictions sur lui, et l’en informais. Il réagit par ces paroles :
« O Seigneur ! Fais-nous aimer Médine comme Tu nous as fait aimer La Mecque et plus encore ; et rend-la salubre pour nous et bénis-notre sa’a et notre moudd (poids et mesure), et transfère sa fièvre et son insalubrité à Al-Djouhfa (frontière sacrée de La Mecque pour les gens en provenance de Syrie et d’Egypte).