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Louanges à Allah, Seigneur de l’univers, que la Bénédiction et la Paix soient sur notre maître Mohammad, le probe et le digne de confiance. Ô Allah ! Notre connaissance se limite aux sciences que tu as permis que nous apprenions. Tu es le Seul Connaisseur, Tu es le Sage. Ô Allah ! Aide-nous à apprendre ce qui peut nous être utile ; Fais que notre science nous soit rentable ; Fais accroître notre savoir. Aide-nous à distinguer le vrai et à le suivre ; Aide-nous à discerner le faux et à l’éviter. Fais que nous mettions en vigueur les instructions et les conseils que nous écoutons ; Fais-nous compter par Ta Miséricorde dans le rang de Tes serviteurs vertueux. Fais nous sortir des ténèbres de l’ignorance et de l’illusion et guide nous vers la lumière de la connaissance et de la science ; fais-nous sortir de la boue des désirs vers les Hauts Paradis.
***
Honorables frères, nous voilà réunis pour une nouvelle leçon de jurisprudence dans la vie prophétique, en reprenant un sujet déjà soulevé deux semaines auparavant et qui s’incarne dans le processus que le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a adopté pour l’instauration de la première société des Musulmans au sein de la Madinah. Or, nous avons grandement besoin de profiter de cette méthode dans l’établissement de notre société musulmane contemporaine.
La fraternité constitue un des fondements de la communauté musulmane :
Qui fut Le Premier par excellence à avoir établi les liens de fraternité dans la société des Musulmans ? Telle est la question la plus importante à devoir débattre à ce niveau ; Allah, exalté soit-Il dit :
(Les croyants ne sont que des frères.)
Si tu n’es pas hanté par l’esprit d’appartenance à l’ensemble des Musulmans, tu ne fais pas partie des croyants :
((Le Musulman est le frère du Musulman))
En quel lieu, en quel espace, le Musulman est le frère du Musulman.
Sachez chers frères que tout être humain a un besoin pressant de l’Islam en particulier et de la religion en général tout comme il a besoin d’air pour vivre. Sachez aussi que personne n’est à la hauteur de monopoliser l’air, il est possible de s’emparer de l’eau, de la terre ou d’un magasin, quant à l’air personne ne peut se l’approprier ; or l’homme éprouve un besoin pressant de la religion au même niveau que son besoin d’air. Personne n’est en droit de s’accaparer l’air, ni un groupe de personnes, ni un pays, ni une province, ni une région, ni une secte, ni une doctrine et la religion est dans ce cas, pareille à l’air.
Quiconque se laisse convaincre être le seul dans son droit alors que son entourage est dans le faux sans avoir fourni de preuve évidente, se sera bercé d’illusions. C’est pourquoi, le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a commencé par l’établissement des liens de fraternité dans l’objectif d’instaurer la communauté musulmane.
Si tu n’es pas conscient du lien de fraternité qui te lie avec ton frère croyant, si tu ne ressens pas que ce croyant est à une faible distance de toi, qu’il occupe une place dans ton cœur, si tu n’es pas hanté par l’esprit d’appartenance aux croyants, tu n’es pas des leurs et ta foi est ébranlée.
Parallèlement, si les croyants se lancent des accusations, se lèsent dans leurs droits respectifs, se dénigrent, se jettent des insultes, s’entretuent, sache qu’il s’agit d’une marque d’infamie contre les Musulmans.
(Les croyants ne sont que des frères.)
La fraternité entre les Mouhadjirins et les Ançârs :
Le premier acte que le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a entrepris en arrivant à la Madinah fut d’établir les liens de fraternité entre les Mouhadjirins (les émigrés de Makkah) et les Ançârs (les indigènes de la Madinah qui ont bien accueilli les émigrés et les ont soutenus dans leur épreuve) dans la maison d’Anas ibn Malek ; leur nombre était au total apparenté à quatre-vingt-dix hommes, dont la moitié était des Mouhadjirins. La fraternité qu’il a établie entre eux (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) était à base de soulagement réciproque et de transmission des biens par succession, alors que les parents proches en étaient exclus en cette époque de l’Islam ; ceci dura jusqu’à l’an deux de l’hégire lors de la bataille de Badr au mois de Ramadan. Mais lorsqu’Allah, exalté soit-Il, a révélé le verset propre à l’héritage, les choses ont changé :
(Les liens de consanguinité ont [dans les successions] la priorité [sur les liens] unissant les croyants [de Médine] et les émigrés [de la Mecque] selon le livre d’Allah,…)
Dans ce verset les droits d’héritage ont été restitués à la parenté consanguine en excluant les frères en religion. Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a agi ainsi au début de l’Islam par une révélation inspirée d’Allah à premier abord, ensuite parce que certaines familles réunissaient des enfants musulmans et d’autres polythéistes ; en foi de quoi, Allah, exalté soit-Il, a décidé que l’héritage se fasse entre les frères en religion jusqu’à un terme déterminé :
(Les liens de consanguinité ont [dans les successions] la priorité [sur les liens] unissant les croyants [de Médine] et les émigrés [de la Mecque] selon le livre d’Allah,…)
La priorité en ce qui concerne la transmission de l’héritage fut rendue aux liens de consanguinité aux dépens des liens de fraternité en religion.
A rappeler que les liens de fraternité furent instaurés au mois de Ramadan de la première année de l’hégire, soit cinq mois après l’émigration du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam).
La fraternité et la communauté musulmane contemporaine :
N’avons-nous pas besoin nous autres les Musulmans, de liens de fraternité en nos jours ? Tu n’es pas seul dans cette vie, tu dépens de la communauté et toute la communauté est à ta disposition ; la vie ainsi basée sur l’esprit de fraternité en religion paraîtra moins pénible et plus satisfaisante. Il n’y a pas de frère plus cher que le frère en religion ; tu lui portes conseil, tu l’assistes, tu demandes de ses nouvelles et tu lui portes secours en cas de difficultés ; lui aussi est supposé te traiter de la même façon.
Le premier aspect de l’expression de la fraternité actuelle :
Si chacun de nous choisissait un ami fraternel, l’abordait par un salut et lui disait: je m’appelle untel, tu es mon frère en Allah, voici mon numéro de téléphone, voici mon adresse, j’habite en tel lieu ; je t’adjure, si jamais tu as besoin d’un service quelconque, fais-le moi savoir, je suis à ton entière disposition ; de mon côté, je n’hésiterai pas à t’appeler si j’ai besoin de ton assistance.
Ce serait une bonne démarche ; que dire alors si on choisit deux amis fraternels ou trois ou encore quatre et cinq, qu’arrivera-t-il chers frères à ce moment-là ?
Supposons qu’un frère s’est rendu à la mosquée, s’est plu à écouter le discours, mais si entretemps il lui est arrivé de commettre un certain péché, il pourra éprouver de la honte vis-à-vis de son Seigneur et se sentira embarrassé de retourner à la mosquée une nouvelle fois ; si personne ne s’enquiert à son sujet et ne demande pas de ses nouvelles: « Pourquoi n’es-tu pas venu la semaine passée ? » Une semaine passe puis une deuxième et le voilà qu’il renonce à fréquenter la mosquée. Mais si un frère lui passe un coup de fil et lui demande: « Tu vas bien ? Tout va bien pour toi » il se sentira soulagé, retrouvera sa sérénité et retournera à la mosquée.
Si chacun de nous établissait des liens de fraternité avec une ou plusieurs personnes. Si plusieurs personnes s’engageaient à se conseiller réciproquement, à faire preuve d’entrain et d’intérêt, la vie serait un véritable paradis.
Le deuxième aspect de l’expression de la fraternité contemporaine :
Si vous êtes cinq dans le même quartier, si vous travaillez dans une même entreprise, si vous avez un point commun, si vous êtes unis par des liens de parenté, ou si vous occupez un même immeuble, qu’est-ce qui vous empêche de vous réunir pendant une heure d’une façon périodique une fois par semaine ou une fois tous les quinze jours ou encore une fois par mois pour débattre un sujet d’un intérêt commun, ou exposer une idée qui a plu à l’un d’entre vous ou rapporter les grands traits d’un sermon ou encore lire une page du Coran et chercher à interpréter sa teneur.
Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a dit :
((Il n’est de groupe de gens qui se réunissent pour invoquer Allah, exalté soit-il, sans que les anges ne s’empressent de tourner autour d’eux, que la Miséricorde ne les comble, que la sérénité ne les protège et qu’Allah ne les évoque auprès de ceux qui sont chez Lui))
((Les gens qui se retirent d’une réunion sans avoir invoqué Allah, exalté soit-Il, seront semblables à ceux qui s’éloignent de la charogne (du cadavre) d’un âne ; de surcroît cette réunion leur sera une source de regret)).
Tout débat qui soulève un sujet mondain représente une raison de peine alors que tout débat qui invoque Allah, exalté soit-Il, traduit une raison de bonheur.
Ceci dit, chers frères, si on essaie de traduire les liens de fraternité en une conduite pratique, bien évidemment il s’agit de s’échanger les adresses, les numéros de téléphone, de connaître les grandes lignes de la vie de ce frère, ses préoccupations… il serait préférable qu’il soit un voisin du quartier, ou un collègue dans le lieu de travail, ou un parent proche… tout cela représente l’incarnation pratique de la notion de fraternité entreprise par le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam). Essaie de retenir cette devise : « Tous sont au service d’une seule personne et une seule personne est au service de la communauté » Tu n’es pas seul dans cette vie.
((Le Musulman est le frère du Musulman, il ne doit pas le persécuter, ni le délaisser au moment critique ni le confier à ses adversaires))
((Tout Musulman est tenu d’épargner l’honneur de son frère musulman, ainsi que ses biens et son sang)).
Les objectifs de la fraternité :
1. La dissipation du sentiment de solitude :
Certains livres qui traitent des récits ont signalé que l’objectif visé par l’établissement des liens de fraternité tend à la dissipation du sentiment de solitude vécu ; croyez-moi chers frères nous menons une vie d’exil et de claustration :
((La religion était étrangère à ses débuts et le redeviendra ; la Djannah et le bonheur sont réservés aux « Ghourabaa’ » ou aux étrangers qui s’engageront à rectifier les lignes de ma sunna que les gens auront corrompus après ma mort))
Si tu ne vis pas l’exil et la solitude, sache que ta foi est ébranlée.
((Le musulman des derniers temps vivra en étranger ; celui qui tient à sa religion sera pareil à celui qui serre de la braise entre ses mains, sa rétribution est équivalente à celle de soixante-dix personnes))
« Seront-ils des nôtres ou des communautés qui suivront » ? lui ont-ils demandé.
((Plutôt de vous, car vous avez le privilège d’être assistés et soutenus dans toutes les œuvres que vous accomplissez alors qu’ils vivront en exilés)).
Si tu n’éprouves pas de la solitude, sache que ta foi est ébranlée.
Bref, l’objectif de l’établissement des liens de fraternité au sein de la communauté, consiste à dissiper le sentiment d’exil et de solitude, plus particulièrement lorsque l’homme sera séparé des siens et de la tribu.
2. Consolidation des liens entre les croyants :
Un autre objectif se traduit par le raffermissement des liens entre les croyants ; lorsqu’Allah, exalté soit-Il, a rendu l’Islam fort et puissant, lorsqu’Allah, exalté soit-Il, a réuni les Musulmans, l’exil psychique s’en est vu dissipé, le système du legs a été restitué aux liens de sang et chaque croyant a pu retrouver les siens et ses parents proches.
En temps du règne des difficultés, des détresses, des émeutes, des rues encombrées de femmes qui vont se dandinant, à demi-vêtues, des chaînes télévisées corrompues, des sites corrompus sur l’internet, du libertinage poussé à l’extravagance, tu ne peux trouver mieux qu’un frère en Allah avec qui tu peux te familiariser ; en effet, le hadith transcendant évoque cette fraternité :
((Mon affection est un dû à ceux qui s’aiment en Moi ; Mon affection est un dû à ceux qui raffermissent les liens entre eux en ne visant qu’à obtenir Mon agrément ; Mon affection est un dû à ceux qui s’échangent des conseils en ne visant qu’à obtenir Ma satisfaction ; Mon affection est un dû à ceux qui s’échangent des visites en ne visant que Mon approbation ; Mon affection est un dû à ceux qui se dévouent entre eux en ne visant que Ma complaisance, à ceux qui s’aiment entre eux sans être motivés par un intérêt quelconque ; ceux-là seront sur des tribunes de lumière et seront enviés par les Prophètes, les véridiques et les martyrs)).
Le Messager d’Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) nous a appris devoir déclarer son affection à son frère en Allah, comme le fait de lui dire : « Je t’aime en Allah » et l’autre de lui répondre : « Qu’Allah t’aime comme tu m’as aimé ». L’affection est un des piliers de la vie psychique ; l’homme est un esprit qui perçoit, un cœur qui bat, un corps en mouvement. Si tu éprouves de l’affection envers un frère en Allah, celui-là sera pour toi un soutien, un compagnon, un conseiller et un affectueux.
3. Le besoin des Ançârs à maîtriser leur religion :
L’établissement des liens de fraternité avait des visées plus profondes que la question du legs au sens que les Ançârs avaient besoin de mieux connaître leur religion.
Si tu établis des liens de fraternité avec un frère en Allah qui est venu plusieurs fois à la mosquée, alors que toi, tu fréquentes cette mosquée depuis de longues années, et tu as acquis un bon lot de science, tu peux lui communiquer une part de cette science, tu peux entreprendre de lui expliquer la teneur de quelques versets coraniques, tu peux t’entretenir avec lui sur des questions de jurisprudence ou des récits de la vie du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) ou certaines des visées de la fraternité… Par conséquent, la fraternité implique d’autres objectifs, Allah, exalté soit-Il, dit :
(Dis : «Je vous exhorte seulement à une chose: que pour Allah vous vous leviez, par deux ou isolément, et qu’ensuite vous réfléchissiez. Votre compagnon (Muḥammad) n’est nullement possédé…)
Tu peux soulever des débats avec ton frère en Allah au sujet de cette religion, de ce grand Prophète, de la sunna de ce Prophète, et de la place prééminente de cette religion.
Les Ançârs aspiraient à mieux connaître l’Islam, et la fraternité établie par le Prophète a eu un grand effet dans ce domaine.
4. Le bon génie à suivre :
Un autre point tout aussi crucial s’avère être dans le bon génie à suivre pour mieux connaître sa religion ; le bon exemple assimilé à une preuve évidente est la meilleure voie pour la démonstration de la religion. L’Islam ne peut se raffermir tant qu’il ne dépasse pas les limites d’un livre bien composé ; l’Islam doit se vivre par le bon exemple. Ceci dit, l’univers est un Coran discret, le Coran est un univers expressif et éloquent ; le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) est un Coran en perpétuel mouvement. Nous avons grandement besoin de nos jours d’un Musulman en mouvement, au sens qu’nous avons un besoin concret de sa probité, de sa loyauté, de sa chasteté, de son affection, de son équité, et de son détachement de tout ce qui l’entoure en dehors d‘Allah, exalté soit-Il.
Partant, le besoin de connaître à fond la jurisprudence islamique se fait de plus en plus pressant ; le bon génie est la meilleure voie pour établir le statut de l’Islam. L’époque mecquoise est révolue pour faire place à l’époque médinoise ; en d’autres mots, l’époque mecquoise était témoin de la Révélation des versets coraniques, de la lutte prédicative, de la patience à l’égard du préjudice et des torts, cette époque s’est distinguée par l’émigration, la bonne compagnie et la formation des compagnons. Toutes ces notions ont été transmises aux Ançârs par les Mouhadjirins en tant qu’individus et collectivités, car il est impensable que le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) reparte à zéro pour leur apprendre les fondements de leur religion.
Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a dit à ses compagnons lorsqu’un homme a commis des erreurs en parlant en sa présence :
((Rectifiez votre frère il a commis une erreur)).
Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a passé de longues années à guider, à conseiller et à apprendre aux compagnons les fondements de leur religion, le temps est venu pour que ceux-là transmettent leur savoir en servant de guides à leurs frères parmi les Ançârs qui ne savent rien encore sur leur religion et qui aiment le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam). Par cette fraternité qu’il a établie, les gens qui disposaient déjà de la science religieuse et étaient mieux renseignés, étaient les mieux placés pour la communiquer à leurs frères.
Chers frères, il était indispensable au Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) de répartir les Mouhadjirins entre les tribus des Ançârs pour qu’ils partagent les peines de la vie avec eux, leur être d’un bon exemple et d’un bon conseil en leur inspirant l’unité éducative prophétique. Ceci ne peut être réalisé en dehors d’une vie commune qui passe outre les difficultés du logement, du travail et de la compagnie. Par l’établissement de la fraternité, l’émigré (le Mouhadjer) est devenu le frère du résidant (l’Ançâry) puisque les us et les coutumes sont communs entre eux.
Une fois que le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) ait instauré les liens de fraternité entre ses compagnons les Mouhadjirins et les Ançârs, ses nouveaux compagnons, il fallait que le plus fort d’entre eux soutienne le plus faible et le plus riche assiste le plus démuni.
Nouvel aspect de fraternité :
Les gens qui vivent dans l’opulence peuvent faire preuve de fraternité en soutenant matériellement les étudiants de sciences religieuses. En les embauchant à mi-temps et à mi- salaire dans leurs entreprises, ils contribueraient à résoudre leurs problèmes financiers ; au fond, l’étudiant a besoin du minimum pour venir à bout de ses besoins vitaux, à ce moment-là il lui sera possible de vivre en paix et de poursuivre tranquillement ses études. De surcroît, cet homme opulent sera rétribué pour tous les bons actes qu’accomplirait cet étudiant s’il devient un savant dans l’avenir.
Le plus riche doit soutenir le plus pauvre, le plus fort doit venir à l’aide du plus faible et celui qui dispose d’un métier quelconque ou d’une profession est tenu de l’apprendre à celui qui n’en a pas.
Un homme qui habite à plusieurs kilomètres de la ville est entré dans une pâtisserie de plus, il ne confesse pas l’Islam ; il a demandé au pâtissier de lui apprendre le métier, celui-là le fit de bon gré en préparant devant lui une recette et en lui dictant les ingrédients et le procédé à suivre. Lorsqu’il eut terminé il lui a proposé de préparer la recette devant lui. Trente années se sont écoulées depuis cet évènement, les gens n’ont cessé de défiler chez ce pâtissier en lui offrant des cadeaux en guise de reconnaissance pour son acte de bienfaisance d’antan.
Qu’est-ce qui te retient d’apprendre à autrui le métier que tu exécutes à perfection ?
La cupidité et la lésinerie :
Les pays européens nous ont transmis de mauvaises qualités celles de la cupidité et la lésinerie en particulier. Si tu veux démonter un moteur tu ne dois pas le faire en présence de l’ouvrier qui travaille chez toi, prétendent-ils, de peur qu’il n’apprenne le métier et ne rivalise avec toi à l’avenir. Qu’est-ce qui t’empêche d’apprendre à cet ouvrier qui travaille chez toi sans salaire de lui apprendre les bases de ton métier ?
(Quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent.)
Loin d’être superficielle, la fraternité a des portées assez profondes ; le croyant ne doit pas agir avec cupidité, la fraternité réunit le pauvre avec le riche ; le faible avec le fort ; le professionnel avec l’ouvrier.
Si tu aides un jeune étudiant qui vient d’un pays lointain, tu auras respecté les liens de fraternité.
Les liens de fraternité sont avantageux en présence de qualités contradictoires.
L’islam n’implique ni le tribalisme, ni le sectarisme :
L’Islam n’a jamais été instauré sur des bases de sectarisme, ni de tribalisme, encore moins de racisme. Aucun attribut ne doit être ajouté au mot de « l’Islam » ; on est musulman et c’est tout, autrement ce serait du sectarisme :
((Quiconque préconise le sectarisme, livre bataille pour défendre le sectarisme ou meurt en ayant pris parti d’un sectarisme, n’est pas des nôtres)).
Etre Musulmans suffit pour nous identifier ; pas besoin de sectarisme, ni de tribalisme, ni de racisme. Lorsque nous étions des Musulmans répartis dans les différentes contrées du monde, nous étions unis par un même objectif et une même visée, mais lorsque nous avons prétendu être des Arabes, les Turcs se sont vantés de leur identité, les Kurdes ont réclamé un régime qui leur soit propre. L’Islam est une religion internationale ; toute personne qui atteste la même profession de foi, accomplis les mêmes rites que nous accomplissons, est des nôtres, elle dispose des mêmes droits que nous et est tenue de rendre les mêmes obligations.
Voici quelques noms de personnalités musulmanes assez célèbres et qui ne sont pas des Arabes, tels qu’al-Boukhari, Salah Eddine al-Ayyoubi et d’autres encore ; ces personnages bien que n’étant pas des Arabes, représentent l’origine de notre fierté. L’Islam est donc une religion internationale, rien n’empêche d’appartenir à la communauté arabe mais sans sectarisme, sans éprouver du dédain envers autrui et sans être l’objet de dédain ; sur ce, les fondements de l’Islam doivent être instaurés loin des agents impressionnants et du patrimoine de l’ère préislamique ; nous préconisons une communauté idéale, vertueuse, qui serait un bon génie aux futures générations.
Aspects de fraternité chez les compagnons :
1-Bilâl al-Habachi et abou Bakr as-Siddiq :
Voici quelques exemples tirés de la réalité : Bilâl al-Habachi appartient à la classe commune de la société de l’ère préislamique, il n’est ni Arabe, ni Quraychite, c’est un esclave de peau noire, son maître l’a soumis à tous les types de supplice parce qu’il a eu foi en Mohammad (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) ; as-Siddiq se rend chez ce maître et lui propose d’acheter cet esclave. Une fois le marché conclu, ce maître lui dit : « je jure par Allah, si tu avais payé ne serait-ce qu’un dirham, je te l’aurais vendu ». « Je jure par Allah, lui a répliqué as-Siddiq, si tu m’avais demandé mille dirhams, je te les aurais donnés sans hésiter», puis il a pris Bilâl par l’épaule comme pour lui faire comprendre qu’il est son frère en Islam. Plus tard, lorsque Bilâl fit son entrée à la Madinah, Omar, qu’Allah soit satisfait de lui, le géant de l’Islam est sorti en personne pour l’accueillir ! Tel est l’Islam, lorsqu’ils évoquaient abou Bakr, les honorables compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, disaient « il est notre seigneur et il a affranchi notre seigneur », allusion à Bilâl.
((L’Arabe n’a aucun mérite qui le distingue de l’étranger, le Rouge n’a aucun mérite qui le distingue du Noir si ce n’est par la piété))
((Le mieux favorisé parmi vous auprès d’Allah est le plus pieux))
La prépondérance en Islam de la foi et du travail vertueux :
La communauté va progressant ; Allah, exalté soit-Il, a fondé la suprématie de la communauté sur deux valeurs cruciales: le savoir et le travail vertueux.
• La première valeur apparaît nettement dans les Paroles d’Allah, exalté soit-Il :
﴾ Dis : «Sont-ils égaux, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas?» ﴿
(Allah élèvera en degrés ceux d’entre vous qui auront cru et ceux qui auront reçu le savoir).
• Quant à la deuxième valeur, elle s’incarne dans le verset suivant :
(A chacun des rangs (des récompenses) selon ses œuvres.)
En principe, la communauté ne pourra gagner le rang de la suprématie si elle passe outre ces deux valeurs et les néglige ; ainsi, l’on sait tous l’existence de différentes valeurs, telle la valeur de l’argent, de l’ascendance, de la descendance, de la beauté, de l’intelligence et de l’origine. La foi n’a pas pris en considération ces valeurs mais elle s’est fondée sur celles du savoir et du travail.
5- L’intégration, la solidarité et la coopération sociale :
Le cinquième objectif visé par la fraternité se traduit par la réalisation de l’intégration, de la solidarité et de la coopération sociale en dépit de la diversification des conditions et des domaines.
Les cultes obligatoires imposés dans l’Islam tels que la Salât, la Zakât, le jeûne, le hajj se font collectivement ; la visée n’est que la fraternité. Ainsi :
- Le souverain et gardien accomplissent la Salât côte à côte dans la même mosquée
- Le souverain et le gardien font côte à côte la circumambulation autour de la Ka’ba.
-Le souverain et le gardien parcourent côte à côte le trajet entre les deux monts as Safa et al-Marwa.
Dans le culte du hajj, l’Islam n’établit pas de différence entre le souverain et le gardien, ni entre le puissant et le faible ni entre l’aisé et le démuni.
Somme toute, les cultes comme la Salât, le jeûne et le hajj ont été imposés à tous les Musulmans sans exception ; Allah n’a pas réservé de trajet spécial au rang des nobles, ni à ceux qui travaillent dans le cycle diplomatique pour effectuer le trajet entre as Safa et al-Marwa, ni pour faire la circumambulation, ni pour accomplir le hajj ou la umra. Les cultes sont les mêmes pour toutes les classes sociales.
Le croyant est tenu d’assister son confrère. Qui aurait pu mieux soutenir les Mouhadjirins lors de leur épreuve vécue autre que les Ançârs, pour trouver la paix auprès d’eux, partager leur vie, leur nourriture, leurs douleurs, leurs joies, leur lutte pour faire valoir la cause d’Allah, la protection de leur pays ; de même qui d’autres mieux que les Mouhadjirins seraient en mesure d’apprendre aux Ançârs la religion, la législation islamique et le Coran ?
Quel exemple idéal de l’intégration des intérêts !
Supposons que d’une part nous avons un homme d’un certain âge qui dispose d’une fortune considérable et qu’il soit inapte à la gérer ou à l’exploiter, et d’autre part, un jeune ingénieur agronome doté d’une grande énergie mais totalement démuni ; si ces deux hommes pensaient à fonder un projet en commun, ils partageraient les bénéfices, l’un par son travail et l’autre par son argent ; ce serait une autre figure de fraternité.
Les grandes entreprises en sont aussi une figure de fraternité.
En bref, l’intégralité entre les Ançârs et les Mouhadjirins compte parmi les sagesses de la fraternité, cette fraternité traduit la sublimité des uns et des autres, à en citer :
Figure d’une fraternité sincère entre les compagnons :
2- Fraternité entre Sa’d ibn ar-Rabi’ et Ab ar-Rahmân ibn Aouf :
L’âme humaine purifiée a tendance à faire preuve d’une affection sincère, d’un dévouement singulier et d’un altruisme surprenant ; qu’en serait-il si l’Islam a favorisé le rang de ceux qui s’aiment en Allah ? Partant de cette perception religieuse Sa’d ibn ar-Rabi’ l’Ançâry a dit à son frère en Allah Abd ar-Rahman ibn Aouf al-Mouhadjer : « je suis le plus riche au niveau des Ançârs, je te donne la moitié de ma fortune, je possède deux jardins prends-en un, j’ai deux maisons ou deux femmes, choisis celle qui te plaît, j’ai deux magasins choisis-en un ». La réponse d’ibn Aouf ne peut passer dans l’oubli, il lui a dit : « Qu’Allah bénisse ta famille et tes biens, mais indique-moi le marché ». Quelle est donc la nature des compagnons que le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a formés ? Les Ançârs sont des gens généreux et les Mouhadjirins sont des gens chastes.
Malheureusement on assiste de nos jours à des gens qui malgré l’aisance, le bien-être et l’opulence dans lesquels ils vivent, n’hésiteraient pas à fréquenter un hôpital bénévole pour s’y faire soigner à la place du pauvre.
L’Ançâry a offert la moitié de sa fortune et le Mouhadjer a refusé d’en prendre par chasteté. « Qu’Allah bénisse ta famille et tes biens, mais indique-moi le marché ».
On lui a indiqué le marché de Béni Qaynouqaa’, il n’en est revenu qu’avec un surplus de fromage et de beurre ; le lendemain il y est retourné en ayant gagné de quoi subvenir à un déjeuner.
Ceci a duré jusqu’au jour où il est rentré du marché avec une trace de parfum de couleur jaune. Etonné, le prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) lui en a demandé la raison. « Ô Messager d’Allah, je me suis marié ». Il a fréquenté le marché, a négocié, a fait fortune et s’est marié.
Honorables frères, sachez que quiconque s’engage dans la voie de la mendicité Allah, exalté soit-Il, lui frayera une voie à la pauvreté.
((Quiconque s’introduit chez un homme aisé et s’humilie en sa présence perdra les deux tiers de sa religion)).
Ce qui est surprenant dans ce récit c’est que l’Ançâry a fait preuve de générosité, et le Mouhadjer était trop chaste, il n’a rien pris, bien que l’offre était fraternel et magnanime, il a offert une maison, un magasin et un terrain. « Qu’Allah bénisse ta famille et tes biens, mais indique-moi le marché » lui a-t-il répliqué, il a fait du commerce, s’est enrichi et s’est marié. En le voyant le Messager d’Allah lui a demandé :
((Que s’est-il passé avec toi)) ?
« Je me suis marié, Ô Messager d’Allah ».
((Combien lui as-tu donné en dot ?))
« Un noyau d’or » voulant dire du volume d’un noyau.
((Fais un festin fut-il constitué d’un mouton)).
Nous en tirons que le festin des noces est une sunna prophétique.
3- Les Ançârs, les Mouhadjirins et les dattiers :
Un autre aspect de fraternité ; les Ançârs ont demandé au Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) de partager les dattiers avec leurs frères des Mouhadjirins. Les Ançârs ont suggéré de partager avec leurs frères les dattiers de la Madinah. Mais les Mouhadjirins ont refusé en proposant de prendre soin des arbres contre une portion des dattes et « gardez les arbres en votre possession ». Quelle chasteté ! En langue de commerce actuel, cette opération s’appelle la spéculation ; telle est la meilleure entreprise dans l’Islam ; le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) est le premier qui ait eu mis en œuvre ce système de négociation.
Par ses efforts, par sa probité et par sa chasteté dont il a fait preuve (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) en exploitant la fortune de la mère des croyants Khadîdja, il a obtenu sa confiance qu’Allah soit satisfait d’elle, et de là leur union s’est produite.
Ainsi, ils ont convenu que les uns donnent la moitié des dattes contre les soins que les autres porteront aux arbres. « Nous avons entendu et obéi » dirent-ils. Cette conciliation est identique au système de spéculation connu de nos jours où le travailleur fournit des efforts et le propriétaire fournit l’entreprise et l’argent.
Hamza ibn Abd al-Muttaleb et Zaïd ibn Haritha étaient des frères en Allah, c’est pourquoi Hamza a testé en sa faveur lors de la bataille d’Uhud. Abou Bakr quant à lui, a partagé le domicile de Khadîdja ibn Yazid ibn Abou Zouhaïr, s’est uni à sa fille Habibah et est resté dans la famille de Haretha ibn Khazradj en tant que son frère jusqu’à la mort du Messager d’Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam).
Je souhaite vivement que ces figures de fraternité se traduisent en un comportement matériel, que la fraternité règne dans nos sociétés pour nous apprendre de nouvelles notions ; celui qui est possession de biens qu’il n’arrive pas à exploiter peut très bien se lier par fraternité à un autre qui est démuni et à deux, ils arriveront à mettre en vigueur leur projet. Le riche avec le pauvre, le plus fort avec le plus faible, le professionnel avec l’ignorant ; de cette façon l’intégration s’installe dans la vie des Musulmans
La gratitude des Mouhadjirins vis-à-vis des Ançârs :
Les Mouhadjirins ont dit au Messager d’Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) : « Ô Messager d’Allah, nous n’avons jamais été en contact avec des gens comme les Ançârs, lorsque nous sommes arrivés chez eux, ils ont soulagé nos peines et nos douleurs, ils nous ont été d’un grand secours du point de vue financier, ils nous ont permis de prendre soin de leurs dattiers contre la moitié des fruits, jusqu’au point où nous avons craint qu’ils reçoivent la rétribution et nous en privent ; ils se sont chargés de soigner les arbres et nous ont donné la moitié de la récolte »
((Non,
Leur a répondu le Messager d’Allah,
Tant que vous les remerciez et invoquez Allah en leur faveur ; vos prières constituent une récompense pour eux))
Puis il a dit :
((Récompensez celui qui vous rend service, si vous ne le pouvez pas invoquez Allah en sa faveur jusqu’à avoir la certitude que vous l’avez récompensé)).
L’éloge d’Allah, exalté soit-Il :
Allah, exalté soit-Il, a fait l’éloge des Mouhadjirins et des Ançârs pour ces liens solides qu’ils ont entretenus entre eux, tout comme Il, exalté soit-Il, a présenté le mérite des uns sur les autres en soulignant le rang qu’ils occupent auprès de Lui, exalté soit-Il :
(Il [appartient également] à ceux qui, avant eux, se sont installés dans le pays et dans la foi, qui aiment ceux qui émigrent vers eux, et ne ressentent dans leurs cœurs aucune envie pour ce que [ces immigrés] ont reçu, et qui [les] préfèrent à eux-mêmes, même s’il y a pénurie chez eux. Quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent.)
Le Messager d’Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a dit à cet effet :
((Les Ançârs : le croyant est le seul à les aimer et l’hypocrite est le seul à les haïr. Celui qui les aime sera privilégié de l’amour d’Allah, et celui qui les hait sera payé en retour par l’aversion d’Allah)).